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Page:Les illégalités et les crimes du Congo, 1905.djvu/19

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lamenta, se récria. Comme c’était un vieil et fidèle ami des Français, l’administration voulut se montrer conciliante. Que trouva-t-elle ? Elle proposa à son ami cette transaction : Gardez vos villages, mais cédez-nous la même quantité de terrain sur vos réserves.

En d’autres termes : Nous voulions prendre des terrains à droite ; nous sommes bons princes, nous les prendrons à gauche.

Kaké — c’est le nom du chef — n’entendit pas de cette oreille. Il n’accepta pas la proposition.

Dès lors, l’administration française usa de son droit : « Les villages furent évacués » — ce sont les termes d’une lettre ministérielle. — Mais les scènes de l’évacuation ne sont pas décrites.

Cependant, voyez, Messieurs, à quel point l’administration coloniale reste soucieuse de récompenser un chef fidèle. Sans doute, elle a dû prendre à cet ami de la France les deux villages de sa tribu. « Mais — je copie toujours la même lettre ministérielle — loin de méconnaitre les services rendus à notre cause par Kaké, l’administration locale lui a toujours témoigné les plus grands égards, et s’il l’avait voulu, il aurait pu garder, par le moyen qui lui était offert, l’emplacement de ses villages. À sa mort, le gouverneur s’est fait représenter à ses obsèques, et des dispositions ont été prises pour que celles-ci fussent décentes et en rapport avec le passé et le rang du défunt ».

Délicieuse attention ! Le spoliateur enterre avec décence sa victime !

Au Congo, le droit au sujet des réserves n’est pas aussi élastique et aussi large. Le décret fondamental du 28 Mars 1899 proclame l’intégrité des réserves indigènes. Le Comité de protection a démontré récemment ans deux lettres adressées au Ministre des colonies que cette loi fondamentale était savamment éludée ou mieux violée par l’arrêté du commissaire général du gouvernement au Congo, en date du 9 octobre 1903. La disposition de cet arrêté la plus invraisemblable en même temps que la plus contraire aux principes élémentaires du droit et de l’économie politique est celle qui limite