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Page:Les illégalités et les crimes du Congo, 1905.djvu/27

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DISCOURS DE M. FRANCIS DE PRESSENSÉ

député du rhône
président de la ligue des droits de l’homme


Citoyens,


J’éprouve un vif regret de me voir encore hors d’état de participer en personne à la réunion de ce soir. J’aurais voulu joindre ma voix à celles qui s’élèveront pour flétrir les crimes commis dans nos colonies et pour susciter un mouvement de nature à y mettre un terme, à les châtier et à en empêcher le renouvellement. Vous me permettrez du moins de vous présenter brièvement, par l’intermédiaire d’un ami, quelques-unes des principales observations que j’eusse souhaité vous soumettre en personne.

La mission de Brazza avait été provoquée par le scandale grandissant de certaines révélations que l’on n’avait pu étouffer. Ceux qui ont intérêt à garder le silence et à faire l’obscurité sur ces choses douloureuses ont repris confiance et espoir quand Brazza est mort, victime de son dévouement. (Applaudissements). Bien loin que cette fin héroïque et qui scellait en quelque sorte l’œuvre de Brazza ait fait taire les coupables, on les a vus se livrer sur cette tombe à peine fermée à d’indécentes manœuvres, frapper de suspicion un témoignage que son auteur ne pouvait plus défendre, mais qui n’en devenait, aux yeux de tous les gens de cœur et de sens, que plus sacré, et enfin oser prendre l’offensive contre celui qui avait donné sa vie pour faire la lumière dans ce sombre drame. Le Ministre des Colonies a eu la faiblesse de céder à cette intrigue impudente. (Vifs applaudissements). Il a commis la double faute de renverser les rôles, de traiter en accusé le ministère publie qu’il avait lui-même investi de sa mission — et de charger d’une enquête souverainement déplacée et inconvenante en soi, quelques-uns de