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Page:Les illégalités et les crimes du Congo, 1905.djvu/40

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taux[1]) et livrer rapidement les coupables aux lois vengeresses.

Mais notre but ici est surtout, après avoir constaté les faits, de formuler des principes pour les réaliser plus tard.

Nous sommes tous d’accord, en France et dans les pays civilisés, pour définir un crime, le meurtre par exemple. Nous sommes tous unanimes également à le déclarer horrible ; et nos lois sont là pour le punir. De même il est défendu de prendre le bien d’autrui et y a des lois pour punir les voleurs. Or, comment se fait-il que nous déplaçant de quelques degrés de latitude sur notre pauvre petite planète, ou ayant à juger des faits qui se sont passés au loin, sous le soleil des tropiques, chez les noirs de l’Afrique, ou chez les Chinois habillés autrement que nous, nous soyons en quelque sorte moins sûrs de nos définitions ? que nous nous abstenions de porter ces jugements nets et clairs que nous formulions sur le méridien de Paris par 48 degrés 50 minutes de latitude ? Mon Dieu, mesdames et messieurs, avouons-le, c’est tout simplement en vertu d’une inconséquence et d’une aberration étrange dont l’analyse nous couvre de confusion, mais dont les effets sont plus étendus que nous le croyons. C’est en vertu de ce sentiment, inspiré par l’égoïsme et condamné par la raison et par l’esprit chrétien, qu’il a deux morales : l’une pour nous et l’autre… pour les autres. C’est-à-dire que ce qui est défendu aux autres quand cela doit nous nuire à nous, nous est permis lorsque cela peut nous profiter et que cela ne fait que nuire aux autres. Une fois engagés dans la voie du sophisme et de l’inconséquence, nous ne savons plus nous arrêter ; pour nous, à un moment donné, nuire à l’intérêt des autres et servir notre propre intérêt, c’est la même chose.

Et, dans certains cas, dût un acte nous nuire à nous-mêmes, par Contre coup ou en vertu de cette loi qui est l’équivalent dans le monde moral et so-

  1. Voir : La psychologie des coloniaux et l’influence des pays chauds sur l’état mental, par le Dr Escande de Messières, médecin-major des troupes coloniales.