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Page:Les illégalités et les crimes du Congo, 1905.djvu/45

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vernement général de l’Afrique occidentale a opposé un veto formel, mais non motivé, à ma présence en Afrique occidentale. Une des raisons de cette attitude — et non la moindre — est que j’avais dit, écrit et crié sur les toits, que je considérais les nègres comme je vous considère, comme je me considère moi-même (Rires et applaudissements).

Ne croyez pas que ce soit là un fait isolé. Je vous ai cité longuement cela parce que c’est très caractéristique, au point de vue de la psychologie de ce qu’il est convenu d’appeler le monde colonial français, composé aussi extraordinaire qu’hétéroclite !… Un de mes camarades, d’une promotion antérieure à la mienne, garçon extrêmement libéral, qui, à sa qualité de médecin, joint celle de licence ès sciences naturelles, avait vécu longtemps en Afrique occidentale, et était très aimé des noirs, parce qu’il faisait simplement là-bas de la médecine égale pour tous ; il en est revenu, avec, sur son livret, cette note que je livre à vos méditations : « À ne pas renvoyer dans l’Afrique occidentale : fait de la popularité parmi les indigènes » (Rires).

Cela vous donne une idée nette de l’esprit qui anime l’Administration coloniale africaine et l’Administration coloniale centrale française.

Ceci dit, je ne voudrais pas non plus que vous crussiez que tous les coloniaux sont des non-valeurs ou des forbans. Non, certes et je connais beaucoup de coloniaux, — j’en vois dans cette salle, — qui sont des amis des noirs ou des jaunes, et qui souffrent énormément de l’état de choses actuel. Ils ne peuvent rien dire parce qu’ils sont fonctionnaires ou officiers, parce que leur situation dépend de leur silence parce qu’ils ne peuvent pas, comme d’autres, s’en aller pour vivre d’une vie nouvelle. Mais à côté d’eux existent des coloniaux qui pourraient et devraient ne pas se taire, ce sont les publicistes coloniaux.

Depuis que Rouanet a commencé cette courageuse campagne contre les crimes coloniaux, j’ai eu la curiosité de parcourir les journaux coloniaux : entre autres, le journal quasi-officiel des colonies, la Dépêche Coloniale, dont l’inspirateur politique réel est