Aller au contenu

Page:Les illégalités et les crimes du Congo, 1905.djvu/6

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

péennes, leurs erreurs et leurs vices… (Applaudissements).

De ces crimes, toutes les nations européennes sont également coupables, Mais nous n’avons pas à nous occuper ici des fautes des autres ; c’est assez de faire notre propre confession et notre propre pénitence.

D’où viennent ces égarements abominables ? Est-ce, comme on l’a dit, l’influence du climat, l’isolement, ou n’est-ce pas plutôt, avec des habitudes d’intempérance, qui sont excitées par ce climat, le pouvoir absolu, l’irresponsabilité, et ce détestable préjugé que nous portons tous, plus ou moins au fond de nos cœurs, et qui nous pousse à nous considérer, plus ou moins, individus ou races, comme d’une espèce supérieure à telle ou telle autre catégorie de nos semblables ? Quoi qu’il en soit le mal existe ; il est indéniable. Il a été constaté par des enquêtes officielles ; les gouvernements et les administrations ont fini par s’en émouvoir. L’une de ces enquêtes, la dernière, a coûté la vie à ce grand homme de bien, à ce conquérant pacifique qui avait donné des territoires immenses à la France, sans jamais avoir porté une main violente sur un seul de ses semblables, Brazza (Mouvement et approbation).

Il y a eu des condamnations judiciaires ; il y en aura encore probablement. C’est quelque chose ; ce n’est point assez. C’est la punition, la répression tardive et trop souvent insuffisante des crimes du passé. Il faut davantage. Il faut que, par une protestation énergique, par un soulèvement irrésistible de l’opinion publique, vous rendiez impossible à l’avenir le renouvellement de pareils attentats. Il faut, au nom de l’humanité et au nom du patriotisme, que l’on va peut-être nous accuser d’oublier, d’outrager, il faut que vous répudiiez d’une façon définitive des abus qui sont la honte de la civilisation. Non, ce n’est pas, comme vous l’entendrez dire, porter atteinte au drapeau national et l’outrager que de s’apercevoir que des misérables l’ont souillé de sang et de boue. Le patriotisme nous commande au contraire de le laver de ces taches, et de l’en préserver dans l’avenir.