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Page:Les oeuvres de la pensee francaise Volume I.djvu/35

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le xviie siècle

sens inverse. Il a le goût du rare, mais du rare inesthétique. Scarron (1610-1660), avec le Roman Comique, sorte de parodie de l’Astrée, où les procédés des Précieux sont exagérés et bafoués, tombe dans la caricature parfois avec une verve fort triviale. Le Roman Bourgeois, de Furetière, moins burlesque et plus réaliste, annonce le Gil Blas de Lesage et la Marianne de Marivaux.

Les premiers classiques

Un courant de réaction, illustré par les noms de Malherbe pour la poésie, et de Balzac pour la prose, est parallèle au mouvement précieux. Il combat l’ingéniosité, c’est-à-dire le goût du petit artifice qui se renouvelle à chaque phrase. Mais, loin de rendre la liberté du xvie siècle à l’expression de la pensée, il tend à imposer au contraire des cadres rigides, des règles précises.

Malherbe (1555-1628) est d’abord assez emphatique avec son premier recueil, Les Larmes de saint Pierre, qui contient cependant de beaux vers. Mais c’est par ses Poésies qu’il agira sur son siècle. Il préconise la clarté, la concision. Il réagit contre Ronsard qui avait cherché à enrichir ce vocabulaire. Il veut au contraire l’épurer, le débarrasser de ses archaïsmes, des mots techniques, des mots patois. Il proscrit l’abus de l’esprit, qui n’est qu’un jeu, et qui paralyse l’émotion. Il fait la guerre à l’inversion et préconise une métrique très sévère. Il fut un peu isolé dans son temps,