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Page:Les régiments d'infanterie de Compiègne.djvu/138

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Journée du 18 juillet. — Le 18 juillet à 4 h. 30 du matin, sans préparation d’artillerie, précédée de ses chars d’assaut Renault, la 10e armée déclanche son attaque et entre comme un coin dans le flanc allemand. Presque d’un seul élan, elle progresse de 7 kilomètres en profondeur, portant sa gauche devant Soissons, son centre au delà de Chaudun, sa gauche à Noroy-sur-Ourcq.
La 6e armée (Degoutte), au sud de l’Ourcq, après une préparation d’une heure et demie, s’élance à son tour et progresse rapidement jusqu’à l’est de Marizy-Saint-Mars, Courchamps et Belleau.
L’ennemi, complètement surpris, a peu réagi. Nos pertes sont légères et le butin considérable (12.000 prisonniers, 400 canons).
Du 19 au 21 juillet. — Malgré la réaction allemande devant Soissons, qui fait perdre quelque terrain à la gauche de la 10e armée, la progression est générale sur tout le front jusqu’à la Marne et, le 21, la 10e armée avait atteint les revers orientaux des plateaux du Soissonnais jusqu’auprès d’Oulchy-le-Château.

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La résistance ennemie sur les plateaux du Tardenois. — Assailli sur trois fronts, l’ennemi défend désespérément les flancs de sa retraite pour sauver son matériel de cette poche où ses communications sont menacées. Et chaque jour il appelle de nouveaux renforts pour étayer les deux bastions dont la résistance le sauvera du désastre, Soissons et les hauteurs de la Crise à l’ouest, Ville-en-Tardenois et les hauteurs de l’Ardre à l’est.

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Des plateaux à l’ouest de la Crise jusqu’aux hauteurs de Bligny, la bataille est acharnée. Fère-en-Tardenois succombe le 28, mais à Seringes, Sergy, Villers-Hagron, nos efforts restent infructueux et ces villages son maintes fois pris et reperdus. La bataille semble arrivée à son point mort.
Mais le 30 juillet, la 10e armée prépare un nouveau coup de bélier ; le 1er août, avec les 30e et 11e corps, elle prononce à sa droite un puissant effort en direction du plateau d’Arcy-Sainte-Restitue, pour déborder la Crise par le sud. La brèche ouverte au nord-est de Grand-Rozoy, se propage de proche en proche jusqu’à Soissons, dont s’empare le 1er corps. En fin de journée, le 2 août, la Crise était franchie sur tout son parcours.
Le succès de la 10e armée est de nouveau le signal de l’offensive générale, la 6e armée progresse vigoureusement de part et d’autre de la voie ferrée d’Oulchy à Fismes.
Plus à l’est, la 5e, qui s’est emparée de Villers-Hagron et de Ville-en-Tardenois, dépasse la ligne générale Coulonges-Verzilly-Geux-Thinois.
La poussée vers la Vesle. — Dès lors, c’est la victoire et la poursuite. Et pressé vivement par nos colonnes, l’ennemi se retire précipitamment sur la Vesle et sur l’Aisne, à l’ouest de Soissons, incendiant ses approvisionnements, faisant sauter ses dépôts de munitions et ses ponts.
Le 3 au soir, nous bordions déjà l’Aisne et la Vesle sur presque tout son parcours. Le lendemain, Fismes était enlevé.
Le 4 août, l’opération pouvait être considérée comme terminée et la poche de Château-Thierry était vidée définitivement. Mais les Allemands semblaient résolus à tenir au nord de la Vesle et, devant les difficultés du franchissement de la rivière dont tous les ponts étaient détruits, le commandement, pour éviter les pertes inutiles, décida de s’en tenir à ces premiers résultats. On s’organisa donc sur ces nouvelles positions en attendant que les armées prissent ailleurs l’initiative de nouvelles opérations.