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Page:Lettres de noblesse accordées aux artistes français.djvu/21

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ACCORDÉES AUX ARTISTES EN FRANCE.

LETTRES D’ANOBLISSEMENT DE JACQUES GABRIEL, ARCHITECTE.

(Mai 1704.)

Louis… salut. Le désir que nous avons toujours eu de faire fleurir les sciences et les arts nous portant à donner des marques publiques de nostre estime à ceux qui excellent dans leur profession et qui par des talens extraordinaires ont mérité le témoignage de nostre bienveillance, nous aurions fait choix de la personne de nostre cher et bien-amé Jacques Gabriel, pour en qualité de nostre architecte et controlleur général de nos bastimens, jardins arts et manufactures royalles, avoir le soin de nos maisons royalles sous les ordres de nostre amé et féal le sieur Julles-Hardouin Mansart, son cousin, surintendant de nos bastimens, et d’autant que dans l’exercice desdits employs et charges depuis dix-sept ans, dont il fait les fonctions avec une très-grande capacité, il s’est rendu recommandable par les superbes édiffices qu’il a conduits dans plusieurs de nos maisons royalles et autres endroits de notre royaume, sous les ordres et desseins dudit sieur Mansart, dans lesquels il a donné des marques de son expérience dans l’architecture et de son application à nostre service ; considérant d’ailleurs que les ancestres dudit sieur Jacques Gabriel ont professé cet art avec distinction, notamment le sieur François Mansart, son grand oncle, lequel a produit tant d’ouvrages excellents d’architecture dans nostre royaume, qu’il a surpassé les architectes qui l’ont précédé, et que son nom demeurera toujours recommandable à la postérité, et encore le sieur Jacques Gabriel, son père, l’un de nos architectes, lequel pendant vingt-six ans qu’il nous a servy dans la construction des plus grands édiffices de nos maisons royalles sous les ordres dudit Mansart, a donné des marques de sa grande expérience et capacité, et qu’ainsy l’inclination et l’habileté dans les plus beaux arts est devenue une vertu héréditaire dans sa famille, nous avons bien voulu luy faire connoistre combien les services qu’il nous a rendus et nous rend encore tous les jours nous sont agréables et ne pouvant lui en donner des marques plus glorieuses pour luy et pour ses enfants et successeurs qu’en l’honorant du titre de noble et d’écuyer. Pour ces causes Nous avons ledit sieur Gabriel, et ses enfants, anobly et anoblissons par ces présentes, etc…