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Page:Level - L’Épouvante, 1908.djvu/145

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L’ÉPOUVANTE

de cette coïncidence entre sa fuite et la découverte du crime, donneraient une étrange force aux présomptions qu’on aurait contre lui.

Vers dix heures, il songea que le moment était venu de faire choix d’un gîte pour la nuit. Il pensa un instant à Montmartre. Quoi de plus simple que de passer inaperçu dans ce quartier vivant, grouillant, parmi les fêtards, les artistes et les individus louches qui s’y promènent nuit et jour ? Mais, de la place Blanche à la place Clichy, de la place Saint-Georges à la rue Caulaincourt, il risquait à chaque pas de rencontrer un camarade.

La Villette et Belleville lui offraient l’abri de leur population remuante, mais la police y faisait des incursions trop fréquentes, et, sans être poltron, il préférait un quartier où l’on jouât moins du couteau. Il se souvint du temps, où, jeune journaliste, il avait voulu vivre la vie du quartier latin, au milieu des étudiants qu’il imaginait pareils aux héros de Murger. Il avait eu, dans le haut de la rue Gay-Lussac, une pauvre chambre meublée d’un lit de fer, d’une table qui servait à