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Page:Level - L’Épouvante, 1908.djvu/244

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L’ÉPOUVANTE

forces inconnues ne l’avaient pas environné. S’il n’avait pas été suivi la nuit même du crime.

Il essayait de se remémorer tous les visages entrevus, dans la rue, au restaurant, à l’hôtel : Aucun ne répondait à l’idée qu’il se faisait de l’être mystérieux qui, durant quatre jours aurait évolué dans son ombre. Et là encore l’inconnu l’épouvantait.

D’invraisemblable qu’elle était d’abord, cette pensée lui sembla possible, de possible elle lui sembla probable, certaine…

« Ainsi, pensait-il, j’ai vécu quatre jours, accompagné d’un être qui ne m’a pas quitté, dont les regards pesant sur moi, m’ont peut-être dicté tous mes gestes !… Qui sait ?… peut-être aussi, cet être fut-il mon maître avant mon entrée dans la maison du crime ?… Si, pourtant, il m’avait suggéré l’idée de la comédie que j’ai jouée et que je joue encore ?… Je serais en son pouvoir, je serais sa chose ; il me dicterait mes actes, mes paroles… À travers les murs de ma prison, il substituerait sa volonté à la mienne, et moi, vivant, agissant et pensant, je ne serais plus qu’une loque avec la forme humaine, et