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Page:Level - L’Épouvante, 1908.djvu/297

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L’ÉPOUVANTE

gier en quelqu’un, d’être écouté et d’être plaint, le poussait vers une sorte de piété craintive, remplie de visions superstitieuses. Il ne parlait plus, mais écoutait avidement, prenant d’un geste machinal et répété sans cesse son cou amaigri dans ses mains, puis le lâchant brusquement, comme s’il avait senti la place où le couteau tracerait son chemin. Même avec le prêtre il évitait de s’entretenir de sa fin prochaine ; il écoutait parler de repentir, d’expiation… ces mots n’avaient pas de sens pour lui : de quel crime aurait-il à répondre ?… quel forfait devait-il expier ? Si Dieu, en vérité, tenait compte des gestes des hommes, il saurait bien, le voyant arriver devant son Tribunal, qu’il était innocent… Un jour, pourtant, le quarantième jour de sa captivité approchait, il savait que son pourvoi en cassation avait été rejeté, et ne comptait plus que sur la clémence présidentielle, il dit brusquement à l’aumônier :

— Monsieur l’abbé, en votre âme et conscience, si vous étiez à la place du Président, signeriez-vous ma grâce ? Répondez-moi dans toute la sincérité de votre cœur d’homme loyal. Il faut que