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Page:Level - L’Épouvante, 1908.djvu/55

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L’ÉPOUVANTE

retenait d’abord l’attention, c’étaient les trois verres oubliés sur la table. En omettant de les faire disparaître, les assassins avaient commis une faute grave. Leur négligence suffisait à donner à la justice un renseignement précieux. Un homme seul passe inaperçu là où trois hommes se font arrêter. Il lava donc les trois verres, les essuya, et avisant un placard ouvert où d’autres verres étaient rangés, les remit à leur place. Ensuite il prit la bouteille entamée, éteignit l’électricité afin qu’aucun de ses gestes ne pût être vu du dehors, tira les rideaux, ouvrit la fenêtre, les volets, et la lança de toutes ses forces. Il la vit tournoyer en l’air et retomber de l’autre côté de la chaussée. Le bruit du verre brisé éveilla pendant une seconde le silence. Il se rejeta en arrière, et se mordit les lèvres :

— Si quelqu’un avait entendu ?… Si l’on venait ?… Si l’on me trouvait là, dans cette chambre ?…

La peur qu’il éprouva n’avait rien de comparable à toutes celles qu’il avait connues jusqu’alors. Rapide, incisive, elle le clouait sur place,