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Page:Levoyageauparnas00cerv.djvu/229

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la fantaisie. Pour toi, Lofraso, je veux te donner les épithètes de spirituel et sincère, et il me plaît de te nommer mon garde-chiourme. »

Ainsi parla Mercure au personnage, qui se dressa de toute sa hauteur entre les rangs des rameurs, armé d’un fouet redoutable et menaçant. Je crois qu’il l’avait fabriqué avec des vers de sa composition. Quoi qu’il en fût, je ne sais comment il advint qu’en un moment, soit par la volonté du ciel, soit par l’entremise de Lofraso, nous franchîmes le détroit sans encombre, sans jeter à la mer aucun poëte, grâce au mérite éclatant du Sarde.

Mais voilà qu’un autre danger provoque aussitôt de nouvelles craintes, dont nous fûmes quittes, grâce à Mercure, qui cria d’une voix retentissante : « À orse, arrête, amarre. » Et le tout fut fait si vite, que le danger disparut.

Ces montagnes groupées ensemble, sont les cimes Acraucéroniennes, nom de mauvais augure, à ce que je crois. Aux rames volèrent les honorables, les tendres, les melliflus, les gothiques et ceux qui sont accoutumés à ne boire que de l’eau, et les froids et les tièdes, et les plus chauds, et ceux qui portaient longues chausses ou chausses courtes. Leurs bras puissants ou faibles, animés par la crainte du danger présent, poussent d’ensemble la galère. Sous le vaisseau se glissent les fidèles sirènes, et dans leurs efforts se surpassent. En un moment, elles