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Page:Levoyageauparnas00cerv.djvu/253

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leur troublent la raison, et ils s’imaginent qu’il faut faire un grand saut pour passer de cette vie dans l’autre. Mais ils ne trouvent aucune ressource, aucun moyen de salut ; et pour retarder le dernier moment, ils se décident à nager. Plusieurs se jettent à la mer, semblables aux grenouilles qui ne font qu’un saut, du rivage dans la mare, lorsqu’elles sont poussées par le bruit ou par la peur. Ils fendent les flots qui se brisent en blanchissant, ils remuent vivement les pieds et les mains, quoique tous leurs membres soient bien malades. Au milieu de tout ce fracas, ils fixent les yeux sur le rivage aimé, désireux de l’embrasser mille fois.

Je tiens de bonne source que la troupe infortunée eût préféré se trouver sur la fameuse promenade de Séville. Ils n’avaient aucun plaisir à se noyer, et il y a quelque apparence qu’ils étaient bien avisés ; mais leurs efforts restèrent sans résultat. Le père des eaux, épuisant sa rigueur, se montra sur son char, le visage courroucé et le geste menaçant. Quatre dauphins de forte taille, attelés avec des cordes d’algues marines, le traînaient impétueusement. Dans leurs humides retraites, les nymphes sentent la fureur, ô divinité vengeresse, et leur visage pâlit. Le poëte qui se flatte de gagner à la nage le bord interdit, se consume en efforts et en vaines clameurs. Sa course est entravée par les pointes aiguës du trident, instrument impitoyable de mort.

Tel qu’on voit l’enfant, poussé par une