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Page:Lewis Caroll - Alice au pays des merveilles, traduction Henri Bué.djvu/205

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« Il faut qu’il ait imité l’écriture d’un autre, » dit le Roi. (Les jurés reprirent l’air serein.)

« Pardon, Votre Majesté, » dit le Valet, « ce n’est pas moi qui ai écrit cette lettre, et on ne peut pas prouver que ce soit moi ; il n’y a pas de signature. »

« Si vous n’avez pas signé, » dit le Roi, « cela ne fait qu’empirer la chose ; il faut absolument que vous ayez eu de mauvaises intentions, sans cela vous auriez signé, comme un honnête homme. »

Là-dessus tout le monde battit des mains ; c’était la première réflexion vraiment bonne que le Roi eût faite ce jour-là.

« Cela prouve sa culpabilité, » dit la Reine.

« Cela ne prouve rien, » dit Alice. « Vous ne savez même pas ce dont il s’agit. »

« Lisez ces vers, » dit le Roi.

Le Lapin Blanc mit ses lunettes. « Par où commencerai-je, s’il plaît à Votre Majesté ? » demanda-t-il.

« Commencez par le commencement, » dit gravement le Roi, « et continuez jusqu’à ce que vous arriviez à la fin ; là, vous vous arrêterez. »