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Page:Lichtenberger - Novalis, 1912.djvu/118

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LES SOURCES DE LA PENSÉE DE NOVALIS

part pour protester contre l’idée d’une différence fondamentale et irréductible entre la nature vivante et la nature inanimée. Et de toute part aussi on cherche à mettre fin à un dualisme contre lequel proteste la raison, à établir une liaison entre les deux domaines qui jusqu’alors semblaient séparés par une barrière infranchissable.

Cet effort spéculatif vers une explication unitaire de la nature est plus particulièrement intense en Allemagne. Les grandes découvertes scientifiques passionnent le public du temps, non pas seulement parce qu’elles augmentent le trésor de nos connaissances positives, mais aussi et peut-être surtout parce qu’elles fournissent des matériaux précieux en vue d’une interprétation d’ensemble systématique de l’univers. Chez les savants allemands l’intérêt pour la science positive s’allie constamment à l’intérêt pour la spéculation et la théorie. L’expérimentateur se double volontiers, chez eux, d’un philosophe ou d’un théosophe. C’est ainsi que Werner est, en même temps qu’un géologue de réputation européenne, un mystique qui porte aux pierres qu’il collectionne une affection candide, s’efforce de mettre ses théories d’accord avec le récit biblique de la Genèse et rassemble des matériaux en vue d’un dictionnaire universel des étymologies, parce qu’il pressent de secrètes analogies entre la science grammaticale du Verbe, « cette minéralogie du lan-