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Page:Lichtenberger - Novalis, 1912.djvu/164

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DOCTRINE PHILOSOPHIQUE DE NOVALIS

gination créatrice du macrocosme. C’est en ce sens que Novalis énonce que « la physique n’est autre chose que la théorie de l’imagination ». Le génie supérieur, le « poète » en qui le libre jeu de l’imagination créatrice est devenu conscient, sera donc capable de pressentir dans la nature le jeu de l’imagination créatrice de l’organisme universel. Le monde physique lui apparaîtra ainsi comme un hiéroglyphe dont il s’applique à pénétrer le sens symbolique, comme une écriture chiffrée où les corps et les figures représentent les substantifs et les énergies, les verbes. Et comme couronnement de cette physique supérieure, Novalis rêve d’une « astronomie morale » où se révélerait en un symbole poétique l’identité dernière de Dieu et de la Nature, du monde visible et du monde invisible. L’astronomie et la métaphysique sont en effet, pour lui, une seule et même science. Le soleil est en astronomie ce que Dieu est en métaphysique. La liberté et l’immortalité sont les analogues de la lumière et de la chaleur. Dieu, la liberté, l’immortalité deviendraient ainsi les bases de la physique spirituelle comme le soleil, la lumière et la chaleur sont les bases de la physique terrestre. En sorte que la mythologie des anciens Parsis, l’adoration du Soleil, de la Lumière et du Feu, apparaîtrait, dans son symbolisme naïf et profond, comme l’interprétation d’ensemble la plus grandiose de l’univers,