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Page:Lichtenberger - Novalis, 1912.djvu/166

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DOCTRINE PHILOSOPHIQUE DE NOVALIS

plaient les mers et les forêts primitives. Mais peu à peu elle s’apaise. Elle aspire à la rédemption. L’homme apparaît, et, avec lui, la nostalgie qui travaille l’univers prend conscience d’elle-même. « L’humanité, dit Novalis, est la raison d’être supérieure de notre planète, le nerf qui unit ce membre de l’univers au monde supérieur, le regard que la Terre lève vers le Ciel ». Et la Terre, maintenant, évolue vers l’harmonie et l’équilibre. Ses imaginations sont moins formidables, moins luxuriantes, moins démesurées. Sa puissance génératrice a peut être diminué, mais ses énergies civilisatrices et sociales se sont accrues, son cœur est devenu plus tendre, sa fantaisie plus délicate, sa main plus légère. « Elle se rapproche de l’homme, et tandis qu’elle était jadis un roc aux enfantements redoutables, elle est maintenant une plante qui germe en silence, une artiste humaine encore muette ». Sous la conduite de l’homme, elle se rapproche peu à peu d’un nouvel âge d’or : « Nous sommes des missionnaires ; nous sommes appelés à perfectionner la Terre ». La Nature apparaît ainsi comme une activité qui se développe vers l’harmonie : « Un jour, vaticine Novalis, il n’y aura plus de nature, tout se transformera peu à peu en un univers spirituel ».

Ainsi se prépare le retour final au Chaos, à l’Unité primitive. L’illusion dualiste se dissipe pro-