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Page:Lichtenberger - Novalis, 1912.djvu/205

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L’ŒUVRE POÉTIQUE DE NOVALIS

désormais, sa pensée. Il ne saurait oublier cette vision qui lui a révélé une fois pour toutes le sens de la vie. La quête de la Fleur bleue devient à partir de ce jour, la raison d’être de son existence entière. Le poète est né en lui.

Ainsi s’affirme, dès le début, le contraste voulu par Novalis entre Ofterdingen et Wilhelm Meister. Les deux héros entrent dans la vie par un rêve significatif. L’un rêve d’une vie d’artiste, vouée tout entière au culte de la poésie. L’autre, rêve de la Fleur bleue, symbole du Désir romantique et de la Poésie idéaliste. Mais le premier se détourne de son rêve initial pour s’orienter vers la réalité terrestre et l’action pratique. Le second, au contraire, va se déprendre du monde et de ses agitations pour s’enfoncer dans son rêve merveilleux, jusqu’au moment où perçant à jour le mirage dualiste, il comprend que la vraie vie n’est que rêve et fiction, poésie et amour.

Un songe merveilleux marque donc l’entrée de Henri d’Ofterdingen dans la vie supérieure. Une série d’expériences qu’il fait au cours d’un voyage à Augsbourg où il se rend avec sa mère, en compagnie de quelques négociants, pour aller voir son grand père Schwaning, lui font prendre peu à peu conscience de sa mission de poète et de la mission de la poésie sur terre.