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Page:Lichtenberger - Novalis, 1912.djvu/221

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L’ŒUVRE POÉTIQUE DE NOVALIS

damentale qui se manifeste dans tous les phénomènes, on croit voir, d’autre part, dans la « polarité », le principe universel qui régit toutes les manifestations de cette énergie. La polarité se montre dans le domaine du magnétisme sous la forme de l’opposition des deux pôles, dans celui de l’électricité sous la forme de l’opposition de l’électricité positive et négative, en chimie comme opposition du combustible et du comburant, de l’acide et de la base, en biologie comme opposition entre l’excitabilité et l’excitation, en psychologie comme opposition du sujet et de l’objet. Par une généralisation hardie, Schelling et les philosophes de la nature voient dès lors dans la polarité, une loi universelle, qui unit la physique et la métaphysique. Pour que l’Un se manifeste il faut qu’il se divise. Il faut que tout monisme se résolve en dualisme. Les deux parties en qui se scinde l’unité primitive sont entre elles comme les deux pôles : elles ne sont pas étrangères l’une à l’autre, mais opposées et complémentaires tout à la fois. Et elles tendent à s’unir de nouveau par synthèse. Ainsi : il faut que l’Un se divise, qu’il se scinde en deux parties polairement opposées, pour qu’enfin le dualisme se réduise de nouveau à l’unité par synthèse.

C’est ce processus, précisément, que décrit le Conte de Klingsohr. Il nous montre la scission de l’Unité originelle, le règne de la polarité, enfin le ré-