Aller au contenu

Page:Lichtenberger - Novalis, 1912.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
223
L’ŒUVRE POÉTIQUE DE NOVALIS

n’écoute les aigres remontrances. Au fond, adossée à un autel, se tient Sophie, la Sagesse divine, l’épouse d’Arcturus, la prêtresse sainte du foyer, la dispensatrice de toute vérité et de toute harmonie.

Or voici qu’un beau jour le Père rapporte à la maison une petite tige de fer. Le Scribe après l’avoir tournée et retournée en tout sens, découvre que, suspendue en équilibre à un fil, elle s’oriente invariablement vers le Nord. Il ne sait, du reste, rien faire de cette découverte. Il ignore la vertu et le sens profond du magnétisme. Mais à peine, le petit Éros tient-il en main l’aiguille merveilleuse que soudain, à l’inexprimable stupeur du Scribe, il grandit à vue d’œil et devient un adolescent tout rayonnant de beauté. Le désir de Freya est né en lui. La sagesse lui vient en buvant à la coupe de Sophie. Et il décide aussitôt qu’il va se mettre en route, sous la conduite de Ginnistan, pour se rendre auprès de sa fiancée prédestinée, et accomplir l’œuvre de rédemption.

Chemin faisant, Éros et sa compagne se rendent d’abord chez le père de Ginnistan, dans le romantique royaume de la Lune. Là les serviteurs du vieux roi, les génies de la nature, du flux et du reflux, des tempêtes et tremblements de terre, des orages et de l’arc-en-ciel, du tonnerre et des éclairs viennent saluer les arrivants ; et Ginnistan réjouit son compagnon en lui donnant le spectacle féérique