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Page:Linné - Système de la nature (1793).djvu/11

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EMPIRE
DE LA
NATURE

Sortant comme d’un profond ſommeil, je leve les yeux, ils s’ouvrent & mes ſens ſont frappés d’étonnement à l’aſpect de l’immenſité du Dieu éternel, infini, tout-puiſſant qui m’environne ; partout, je vois les traces empreintes, dans les choſes qu’il a créées ; partout, juſques dans les objets les plus petits & preſque nuls, quelle ſageſſe ! quelle puiſſance ! quelle inconcevable perfection ! J’obſerve les animaux portés ſur les végétaux, les végétaux ſur le regne mineral, celui-ci ſur le globe, qui roule en ſa marche invariable autour du ſoleil, dont il reçoit la vie. Je vois enfin ce ſoleil lui-même tourner alentour d’un axe avec les autres aſtres ; & l’incompréhenſible amas d’étoiles ſuſpendu dans le vuide, dans l’eſpace ſans bornes, ſoutenu par la volonté ſeule du premier Moteur, de l’Être des Êtres, la Cauſe des cauſes, le Conſervateur, le Souverain de l’univers, le Seigneur & l’Artiſan de l’Édifice du monde. Voulez-vous le nommer le Destin, vous le pouvez, c’eſt de lui que tout dépend. Voulez-vous le nommer la Nature, vous le pouvez encore, il eſt l’Auteur & le Pere de toutes choſes. Voulez-vous le déſigner par le