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Page:Linné - Système de la nature (1793).djvu/21

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REGNE ANIMAL.


Les Animaux, organiſés & vivans, ſentent au moyen d’un médullaire animé, apperçoivent au moyen des nerfs, & ſe meuvent à leur gré du mouvement qui leur eſt propre.

La Vie de l’animal, de cette machine hydraulique, de ce mobile perpétuel, eſt une flamme, un feu éthéré-électrique, toujours allumé dès le premier moment de ſon exiſtence, toujours entretenu par des ſoufflets agiſſans, & dans lequel réſide l’incompréhenſible & arbitraire volonté locomotrice.

La Nature, prodigue en ſes multiplications, commence par ébaucher en petit chacun des êtres vivans, les engendre dans un fluide, les paracheve dans le liquide d’un œuf, car tout ce qui vit, vient d’un œuf.

l’Œuf, ſous ſes tuniques qui renferment ſouvent un Albumen ou blanc d’œuf, contient, ce qu’on nomme le jaune d’œuf, au côté élevé duquel eſt inſéré le point ſaillant, végétant en un embrion, tigé du cordon ombilical, enraciné par le placenta.

La Mere prolifère éclot en elle avant la génération l’abrégé vivant médullaire du nouvel animal, nommé la carène de Malpighi, analogue à la plumule des végétaux ; celui-ci, par la géniture ſpermatique, s’aſſocie un cœur qui ſe ramifiera en un corps ; c’eſt ainſi que le point ſaillant de l’œuf couvé par un oiſeau, ſe forme en premier en un cœur palpitant, & en un cerveau avec ſa moëlle épiniere ; ce cœur naiſſant, dont le froid feſoit ceſſer le mouvement, eſt excité par la vapeur échauffée de l’œuf, & une bulle d’air peu à peu dilatée, force les liquides à ſe porter dans leurs flexibles canaux. Le point vital des êtres vivans n’eſt donc qu’une ramification continuée de la vie médullaire depuis la première création, puiſque l’œuf eſt le bourgeon médullaire de la mere, vivant en elle, mais ne vivant pas en lui-même, avant que