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Page:Linstant - Moyens d'extirper les préjugés des blancs, 1841.djvu/194

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blait pendant quelques temps le prendre sous sa protection, l’abandonna ensuite à l’animadversion des colons, et l’abbé Goubert fut forcé de quitter la colonie. Ce trait suffit pour montrer comment les possesseurs d’hommes entendent l’éducation religieuse dans les colonies.


F.

Voici de plus ce qu’en dit l’abbé Goubert, dans son petit livre, publié en 1840 à Paris, sous le titre de Pauvres nègres, ou quatre ans dans les Antilles françaises, par Edouard Goubert, curé démissionnaire de Saint-Pierre Martinique.

« Dans la colonie de la Martinique, je n’ai jamais vu de bons prêtres. Tous, selon moi, manquent du noble et saint orgueil ; tous végètent, sans honneur, enchevêtrés dans les préjugés qui dominent, et se traînent à la housse des grands qu’ils idolâtrent tout en les damnant. Le prêtre, dans les colonies, ne connaît que les gourdes dont on le gorge pour qu’il reste muet. Il vend et achète l’homme, son frère, qu’il fustige, et qu’il mutile tout aussi bien que les planteurs les plus inhumains, »

« Ces prêtre », en général, prêchent à leur siècle toutes les vertus, et ils ont de leur siècle tous les vices. Aussi, à la Martinique, les curés, en général, sont beaucoup plus chauds défenseurs du système colonial et de la perpétuité de l’esclavage, que les colons eux-mêmes. Les nègres depuis longtemps le savent, et malgré leur extrême respect pour la religion, ils ne demandent rien à ses ministres. » Et plus loin, l’auteur ajoute : « Le sacerdoce colonial n’a rien changé aux horreurs qu’il a trouvées dans les îles ; et son œuvre, aujourd’hui encore (nous nous arrêtons à un sens général), n’est rien autre chose que la perpétuité indéfinie de l’abrutissement des noirs. Les nègres du presbytère n’ont pas d’autre importance humaine, que le chien et le chat domestique. »


FIN