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Page:Lintier - Ma pièce, 1917.djvu/110

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vosité que nous connaissons bien. « Il casse des noisettes », comme disent les canonniers. Il a envoyé un brigadier chercher des instructions. Mais où trouver à cette heure l’état-major ? L’armée est en pleine retraite.

Un dragon arrive au galop, met pied à terre devant nos officiers. Anxieux, nous faisons cercle. Il apporte des renseignements. La retraite de l’armée s’opère à droite par la route des Ruettes. L’ennemi est bien à Latour. Il avance vers Ville-Houdlémont.

Tout de suite la colonne s’ébranle. Devant, seul, à cheval, le lieutenant Hély d’Oissel éclaire le chemin. De nouveau, la mitrailleuse crépite au loin. Mais, cette fois, nous n’entendons même pas siffler ses balles. Un instant, une palissade nous arrête. Nous l’abattons à coups de hache. L’espace découvert qu’il nous faut traverser est court : une prairie en dos d’âne. Par une petite route encaissée, nous atteignons les Ruettes.

Un général est là, près de l’église, sans état-major, avec pour toute escorte trois chasseurs.

La route de Tellancourt est un fleuve.

Dans les flots de la retraite, il faut se frayer de force un passage. De front avec la colonne d’artillerie, marchent les bataillons qui ont encore des chefs. Et, à droite et à gauche, ballottés comme des débris de liège au courant, emportés dans des remous, parfois jetés au fossé, et parfois entraînés