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Page:Lintier - Ma pièce, 1917.djvu/175

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est l’organisation même du service de l’artillerie. Le fantassin, le cavalier, le sapeur sont des unités. Pour nous, l’unité c’est la pièce. Les sept hommes qui la servent sont les organes étroitement unis, étroitement dépendants, d’un être qui prend vie : le canon en action.


Cet enchaînement des sept hommes entre eux, et de chacun d’eux à la pièce, rend toute défaillance plus patente, plus grosse de conséquences, la honte qui en résulte plus lourde. Et puis, dans cette étroite solidarité, les effluves qui créent les contagions psychologiques se développent aisément ; un ou deux canonniers solides au poste, et décidés, suffisent souvent à déterminer le courage de tout un peloton.


La journée s’achève dans l’immobilité. Vers Tailly et vers Stenay, rien ne révèle la présence de l’ennemi.

À la brune, on nous envoie encore cantonner de l’autre côté des bois. Il fait ce soir un crépuscule glorieux d’été. La route ouvre dans les épaisseurs obscures des grands taillis une merveilleuse avenue vers un occident plus riche de couleurs qu’un immense arc-en-ciel.

Tout bruit de bataille s’est tu. Peu à peu le ciel s’éteint ; la nuit se fait, et c’est alors, comme hier,