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Page:Lintier - Ma pièce, 1917.djvu/242

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Samedi 12 septembre.


Depuis deux jours, il n’a pas cessé de pleuvoir. Sous les ondées nous avons avancé de plus de quarante kilomètres. L’ennemi fuit. Quelques obusiers, qui semblent manquer de munitions, couvrent mal sa retraite. Chaque heure affirme notre victoire. On serait joyeux s’il ne pleuvait pas tant.

Le capitaine m’a envoyé passer quelques jours à l’échelon de combat, tant pour une diarrhée persistante, qui me fatigue beaucoup, que pour une coupure assez sérieuse que je me suis faite hier au poignet. On vit là dans un demi-repos. On mange une nourriture mieux préparée. On peut dormir beaucoup.

Tandis que nos batteries bombardent furieusement des queues de colonnes allemandes en retraite, les échelons se sont installés dans un ravin ouvert, à même le plateau, comme par un coup de sabre géant. On dirait que la pluie y converge de tous les points de l’horizon. Il y tombe aussi des obus, mais ils s’engloutissent sans éclater dans un marais proche, en soulevant des geysers de boue.

Le sous-officier de la sixième pièce, à laquelle je suis temporairement attaché, appelle :

— Les poilus !