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Page:Lintier - Ma pièce, 1917.djvu/306

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étendus se dresse tout droit, immobile sur la clarté de l’occident.

Des morts !

Je vais passer. Mais je distingue, dans l’ombre de la meule, une forme humaine agenouillée près d’un cadavre. L’homme ne m’a pas vu… Il retourne le cadavre et le fouille. Tout de suite, j’arme mon revolver. Soigneusement, sans trembler, je vise le pillard. Je vais l’abattre, quand une crainte m’arrête. Je discerne bien ses mouvements ; mais sa silhouette, sur le revers sombre de la meule, reste confuse. La pensée que ce peut être un gendarme identifiant des morts me fait abaisser mon arme. Je crie :

— Qu’est-ce que tu fais là ?

L’homme bondit comme sous un coup de fouet. Alors, son ombre nette se dresse sur le ciel. Je reconnais sur sa tête une casquette plate à grande visière.

Il me répond :

— T’en fais pas pour moi… Je fais mes affaires.

Il s’enfuit, sautant de çà, de là, sous la menace de mon revolver, comme une bête qui fait ses défaites.

Je tire… il s’arrête un instant. L’ai-je atteint ? Sur son ombre paraît un éclair. Une balle siffle à mon oreille. Mais, à l’instant où il va disparaître derrière un buisson, pour la seconde fois je fais