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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/133

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THUCYDIDE, LIV. I.

servi comme auxiliaires avec les Corinthiens et les Épidauriens, et s’emparèrent des hauteurs de la Géranie. Les Corinthiens descendirent avec les alliés dans la Mégaride. Ils croyaient qu’Athènes, qui avait de grandes forces dispersées à Égine et en Égypte, ne serait pas en état de protéger Mégares, ou que du moins, si elle y faisait passer des secours, elle retirerait d’Égine l’armée qui en formait le siége. Cependant les Athéniens ne touchèrent point à cette armée ; mais ce qui était resté dans la ville, les vieillards qui avaient passé l’âge du service, et les jeunes gens qui ne l’avaient pas atteint, allèrent à Mégares sous le commandement de Myronidès. Il y eut entre eux et les Corinthiens une bataille indécise : les deux partis se séparèrent, sans que ni l’un ni l’autre se crût vaincu. Les Athéniens, qui avaient eu plutôt quelque supériorité, dressèrent un trophée après la retraite des Corinthiens. Mais ceux-ci, à leur retour, traités de lâches par les vieillards qui étaient restés dans la ville, revinrent, après s’y être préparés pendant douze jours, élever un trophée devant celui des Athéniens, comme si eux-mêmes avaient été vainqueurs. Les Athéniens sortirent en armes de Mégares, tuèrent ceux qui élevaient le trophée, se jetèrent sur les autres, et remportèrent la victoire.

Chap. 106. Les vaincus se retirèrent : un assez grand nombre, poussé vigoureusement, s’égara du bon chemin et tomba dans un clos particulier, entouré d’un grand fossé et sans issue. Les Athéniens s’en aperçurent, bouchèrent les avenues du clos avec leurs hoplites, et l’environnèrent de troupes légères, qui accablèrent de pierres ceux qui s’y étaient engagés. Ce fut une grande perte pour les Corinthiens. Le reste de leur armée regagna le pays.

Chap. 107. À cette époque, les Athéniens commencèrent à construire les longues murailles qui s’étendent jusqu’à la mer, l’une gagnant Phalère, et l’autre le Pirée.

Les peuples de la Phocide firent alors la guerre aux Doriens, dont les Lacédémoniens tirent leur origine. Ils attaquèrent Boeum, Cytinium, Érinéum, et prirent une de ces places. Les Lacédémoniens, sous la conduite de Nicomédès, fils de Cléombrote, qui commandait à la place du roi Plistoanax, fils de Pausanias, encore trop jeune, portèrent des secours aux Doriens avec quinze cents de leurs hoplites et dix mille alliés.

Ils obligèrent les Phocéens à rendre la place par capitulation, et se retirèrent. Mais les Athéniens se mettaient en croisière pour leur couper la mer, s’ils voulaient traverser le golfe Crissa. Se retirer par la Géranie, tandis que les Athéniens occupaient Mégares et Pèges, était, pour ceux de Lacédémone, un parti peu sûr ; car les hauteurs de la Géranie, difficiles à franchir, étaient constamment gardées par des troupes athéniennes, et ils n’ignoraient pas qu’elles devaient s’opposer à leur passage. Ils crurent donc devoir s’arrêter en Béotie pour considérer quel serait le moyen le plus sûr d’opérer leur retraite. Une autre raison ne laissait pas d’influer sur leur séjour en Béotie. Il existait à Athènes une faction qui, entretenant avec eux des intelligences secrètes, espérait détruire le gouvernement populaire et s’opposer à la construction des longues murailles. Les Athéniens s’armèrent en masse contre cette armée lacédémonienne, avec mille Argiens, et les autres alliés dans un nombre proportionné à leurs forces respectives. Ils étaient en tout quatorze mille. Ils avaient pris les armes, persuadés qu’ils