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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/135

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THUCYDIDE, LIV. I.

tablir. Ils prirent avec eux les Béotiens et les Phocéens, leurs alliés, et marchèrent contre Pharsale, ville de Thessalie. Contenus par la cavalerie thessalienne, ils ne furent maîtres que d’autant de terrain qu’ils en occupaient en s’éloignant peu de leur camp, et ne purent prendre la ville. En un mot, ils manquèrent entièrement l’objet de leur expédition, et s’en retournèrent sans avoir rien fait, remmenant Orestès avec eux.

Peu après, mille Athéniens montèrent les vaisseaux qu’ils avaient à Pèges, car ils étaient maîtres de cette place, et passèrent à Sicyone, sous le commandement de Périclès, fils de Xanthippe. Ils prirent terre, vainquirent ceux des Sicyoniens qui osèrent les combattre ; et prenant aussitôt avec eux les Achéens, ils traversèrent le golfe, allèrent attaquer Éniades, place de l’Acarnanie, et en firent le siége : mais ne pouvant la réduire, ils rentrèrent chez eux.

Chap. 112. Trois ans après, les Péloponnésiens et les Athéniens conclurent une trève de cinq ans. Les Athéniens, en paix avec l’Hellade, portèrent la guerre en Cypre : leur flotte était de deux cents vaisseaux, tant des leurs que de leurs alliés. C’était Cimon qui la commandait. Soixante de ces bâtimens passèrent en Égypte, où les appelait cet Amyrtée dont le royaume était dans les marais. Les autres firent le siége de Citium. Cimon mourut ; la famine survint : ils abandonnèrent le siége. Comme ils passaient au-dessus de Salamine, ville de Cypre, ils eurent à soutenir à-la-fois un combat de terre et un de mer contre les Phéniciens, les Cypriens, et les Ciliciens : après une double victoire, ils retournèrent dans leur pays : les vaisseaux qui de l’Égypte étaient venus avec eux en Cypre, regagnèrent l’Égypte.

Les Lacédémoniens firent ensuite la guerre appelée sacrée, s’emparèrent de l’hiéron des Delphiens, qu’ils remirent aux Delphiens : mais, après leur retraite, les Athéniens l’attaquèrent à leur tour, le prirent et le remirent aux Phocéens.

Chap. 113. Après un certain espace de temps, les exilés béotiens occupèrent Orchomène, Chéronée et quelques autres villes de la Béotie : les Athéniens, sous le commandement de Tolmidès, fils de Tolmæus, marchèrent contre ces places ennemies avec mille hoplites d’Athènes, et un contingent de troupes alliées. Ils prirent Chéronée, en asservirent les habitans, y laissèrent une garnison et se retirèrent.

Ils étaient en marche non loin de Coronée, lorsque tout-à-coup, sortis d’Orchomène, vinrent fondre sur eux les exilés de Béotie, avec des Locriens, des exilés de l’Eubée, et tout ce qui était de la même faction. Les Athéniens succombèrent : une partie d’entre eux fut égorgée, et le reste réduit en captivité. Athènes alors fit évacuer tout le pays, sous la seule condition qu’on lui rendrait ses prisonniers. Les exilés béotiens et tous les autres revinrent et rentrèrent dans leurs droits.

Chap. 114. Peu après, l’Eubée se souleva contre les Athéniens. Déjà Périclès marchait à la tête d’une armée pour la soumettre, quand on lui annonça que Mégares était révoltée, que les Péloponnésiens allaient se jeter sur l’Attique, et que les Mégariens avaient égorgé la garnison athénienne, excepté ce qui avait pu se réfugier à Nisée. Mégares en était venue à la défection après avoir attiré à son parti Corinthe, Épidaure et Sicyone. Périclès se hâta de ramener son armée de l’Eubée, ce qui n’empêcha pas les Péloponnésiens, sous la conduite de Plistoanax, fils de Pausanias et roi de Lacédémone, de ravager dans l’Attique