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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/155

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THUCYDIDE, LIV. II.

ils avaient demandé aux Athéniens l’expiation du sacrilége pour le rendre odieux. Périclès prit donc le parti de déclarer à l’assemblée qu’il avait pour hôte Archidamus, et qu’il ne devait résulter de cette liaison aucun inconvénient pour l’état ; que si les ennemis ne ravageaient pas ses terres et ses maisons de campagne comme celles des autres, il les abandonnerait au public, ce qui devrait écarter tout soupçon. D’ailleurs il renouvela, dans la conjoncture, les conseils qu’il avait déjà donnés, de se bien tenir prêt à la guerre, de retirer tout ce qu’on avait à la campagne, d’entrer dans la ville pour la garder, au lieu d’en sortir pour combattre ; de mettre en bon état la flotte, qui faisait la force de l’état, et de tenir en respect les alliés, observant que c’était d’eux qu’Athènes tirait les richesses et les revenus source et aliment de sa puissance, et qu’en général la prudence et de bonnes finances donnaient la supériorité dans la guerre. Il engagea les citoyens à prendre courage, en leur faisant le détail de leurs ressources. Ils recevaient pour l’ordinaire six cents talens par an du tribut des alliés, sans compter les autres revenus, et ils possédaient encore dans l’acropole six mille talens d’argent monnoyé ; car il y en avait eu jusqu’à neuf mille sept cents, somme sur laquelle on avait pris trois mille sept cents talens pour les propylées de l’acropole et autres constructions, et pour l’expédition de Potidée. Il ne comptait pas l’or et l’argent non monnoyé, produit des offrandes, soit particulières, soit publiques, ni tous les instrumens des pompes sacrées et des jeux, ni les dépouilles des Mèdes, et d’autres richesses de même nature qu’on ne pouvait estimer moins de cinq cents talens. Il ajouta les trésors assez considérables des autres hiérons, dont on pourrait se servir ; et si toutes ces ressources ne suffisaient pas, on pourrait faire usage de l’or dont était ornée la statue de la déesse elle-même ; il prouva que la statue pesait quarante talens d’or pur, et qu’on pouvait enlever la draperie tout entière, en remarquant toutefois que si, pour le salut public, on se servait de ces trésors, il faudrait les remplacer en totalité.

Il les encourageait en leur donnant ces détails sur leurs richesses. Il fit voir aussi qu’on avait treize mille hoplites, sans compter ce qui était dans les garnisons ou employé à la défense des remparts, et qui se montait à seize mille hommes ; car tel était le nombre de ceux qui épiaient l’ennemi pour le charger, lorsqu’il viendrait à fondre sur l’Attique. C’étaient des vieillards, des jeunes gens qui n’avaient pas encore atteint l’âge de la milice ; et tout ce qu’il y avait de métèques hoplites. Le mur de Phalère avait trente-cinq stades jusqu’à l’enceinte de la ville, et la partie de cette enceinte qu’il fallait garder, était de quarante-trois stades. On laissait sans gardes l’espace compris entre le long mur et le mur de Phalère. Les longues murailles vers le Pirée étaient de quarante stades, et l’on faisait la garde à la face extérieure. Le circuit du Pirée, en y comprenant Munychie, était en tout de soixante stades, dont on ne gardait que la moitié. Il montra qu’on avait douze cents hommes de cavalerie, en y comprenant les archers à cheval, seize cents archers, et trois cents trirèmes en état de tenir la mer.

Tel était l’appareil des Athéniens, sans qu’il y ait rien à réduire dans aucune partie, au moment où les Péloponnésiens allaient faire leur première invasion dans l’Attique, et qu’eux-mêmes se préparaient à la guerre. Périclès, suivant sa coutume, ajouta tout ce qui