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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/189

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THUCYDIDE, LIV. II.

poussèrent à la côte dans leur fuite, les firent échouer, tuèrent des Athéniens tout ce qui ne put se sauver à la nage, et remorquèrent quelques vaisseaux abandonnés ; ils en avaient pris un avec tous ceux qui le montaient. Mais bientôt les Messéniens viennent au secours, entrent tout armés dans la mer, montent sur quelques-uns des bâtimens qu’entraînaient déjà les ennemis, combattent du haut des ponts et sauvent ces bâtimens.

Chap. 91. Les Péloponnésiens, vainqueurs de ce côté, puisqu’ils avaient fait échouer des vaisseaux ennemis, se mirent, avec leurs vingt bâtimens légers de l’aile droite, à la poursuite des onze vaisseaux athéniens qui avaient évité l’attaque et gagné la haute mer. Ceux-ci, à l’exception d’un seul, les devancèrent et se réfugièrent dans la rade de Naupacte, rangés en ordre de bataille, la proue tournée contre l’ennemi, à la vue de l’hiéron d’Apollon, et disposés à se défendre, si l’on approchait de terre pour les attaquer. Les Péloponnésiens arrivent. Déjà, comme vainqueurs, ils naviguaient en chantant le péan. Un vaisseau de Leucade, qui seul voguait fort en avant des autres, en joignit un d’Athènes resté seul en arrière. Un vaisseau marchand se trouvait par hasard à l’ancre dans la partie de la rade qui touche à la pleine mer. Le navire athénien l’atteint le premier, le tourne, vient donner contre le vaisseau de Leucade qui le poursuivait, et le submerge.

Les Péloponnésiens, qui ne s’attendaient pas à cet événement, sont effrayés : d’ailleurs poursuivant en désordre et avec cette confiance imprudente qui suit la victoire, plusieurs vaisseaux tenaient les rames basses et s’arrêtaient, voulant attendre le plus grand nombre : parti fort dangereux, l’ennemi n’ayant que peu d’espace à franchir pour venir attaquer. D’autres, faute de connaître la plage, échouaient contre des écueils.

Chap. 92. Ce spectacle anime les Athéniens : un seul céleuste a dit un mot d’encouragement ; ils poussent un cri et fondent sur l’ennemi. Les Péloponnésiens, troublés de leurs fautes et de leur désordre, résistent peu et tournent vers Panorme, d’où ils avaient levé l’ancre. Les Athéniens les poursuivent, se rendent maîtres des vaisseaux les moins éloignés, au nombre de six, reprennent ceux des leurs qui, précédemment, avaient été mis hors de combat et amarrés au rivage, et donnent partout ou la mort ou des fers. Le Lacédémonien Timocrate était sur le vaisseau de Leucade qui fut submergé près du vaisseau de charge ; pendant que le navire coulait bas, il se tua lui-même : le flot poussa son corps au port de Naupacte.

Les Athéniens, au retour de la poursuite, élevèrent un trophée au lieu d’où ils étaient partis pour la victoire, recueillirent les morts et les débris des vaisseaux jetés sur la côte, et rendirent, par un traité, ceux des ennemis. Les Péloponnésiens élevèrent aussi un trophée, comme vainqueurs, pour avoir mis l’ennemi en fuite et fait échouer quelques-uns de ses vaisseaux, et ils consacrèrent, sur le Rhium d’Achaïe, près de leur trophée, le vaisseau qu’ils avaient pris. Mais, craignant qu’il ne survînt quelques renforts envoyés d’Athènes, ils partirent à l’entrée de la nuit, pour retourner chez eux, en traversant le golfe de Crisa et se dirigeant vers Corinthe. Les Athéniens qui venaient de Crète avec vingt vaisseaux, et qui auraient dû se joindre à Phormion avant le combat, abordèrent à Naupacte peu après la retraite des ennemis.

Alors l’été finissait.

Chap. 93. Avant le licenciement de la flotte et le retour des Péloponnésiens,