Aller au contenu

Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/232

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
231
THUCYDIDE, LIV. III.

l’extrémité de l’Ophionie, va descendant vers le golfe Maliaque.

Chap. 97. Les Messéniens continuaient de donner à Démosthène les mêmes conseils qu’auparavant ; ils lui représentaient que la réduction des Étoliens serait facile, et l’engageaient à se jeter au plus tôt sur les bourgades, à prendre toutes celles qui se trouveraient sous sa main, sans attendre que l’ennemi vint à sa rencontre avec toutes ses forces réunies. Il les crut ; et, se fiant à la fortune, il n’attendit pas même les Locriens, qui devaient le joindre, et dont les secours lui eussent été fort utiles, puisqu’on avait surtout besoin de gens de traits armés à la légère. Il s’avança jusqu’à Égitium, qu’il emporta d’emblée. Les habitans avaient pris la fuite et s’étaient retirés sur des collines qui dominent la ville : car elle est assise sur les flancs de terrains élevés, à quatre-vingts stades, au plus, de la mer. Mais les Étoliens, qui venaient d’arriver au secours d’Égitium, fondirent de toutes parts du haut des collines sur les Athéniens et leurs alliés, les accablant de traits, reculant quand ils s’avançaient, les pressant quand ils cédaient. Le combat se passa ainsi en brusques attaques et en retraites précipitées ; et dans les unes comme dans les autres les Athéniens avaient le désavantage.

Chap. 98. Cependant tant que les archers eurent des flèches et purent s’en servir, ils résistèrent ; car les Étoliens, légèrement armés, étaient contenus par les traits qu’on lançait. Mais, le commandant des archers ayant été tué, les Athéniens se dispersèrent : accablés d’une lutte continue, épuisés de fatigue, harcelés par les Étoliens, qui ne cessaient de les presser et de tirer sur eux, ils furent culbutés et prirent la fuite. Ils avaient perdu leur guide, Chromon de Messène, qui fut tué. Égarés, ils donnaient dans des ravins impraticables, ou dans des sentiers inconnus ; et ils étaient massacrés. Les Étoliens continuaient de tirer. Légers et légèrement vêtus, ils en atteignaient beaucoup à la course. Le plus grand nombre, se trompant de chemin, s’engagea dans une forêt non frayée : les ennemis apportèrent du feu et l’incendièrent. Les Athéniens tentèrent tous les moyens de fuir : partout la mort les atteignait sous mille formes différentes. Ceux qui se sauvèrent eurent beaucoup de peine à gagner Énéon de Locride, d’où ils étaient partis. Bien des alliés périrent, et les Athéniens eux-mêmes perdirent environ cent vingt hoplites. Tel fut le nombre des victimes ; ce fut l’élite de ses meilleurs guerriers que la république eut à regretter dans cette affaire ; l’un des deux généraux, Proclès, y périt aussi. Les vaincus traitèrent avec les Étoliens pour enlever les morts, retournèrent à Naupacte, et regagnèrent ensuite Athènes sur leurs vaisseaux. Démosthène resta à Naupacte et dans ses environs : après ce qui était arrivé, il craignait les Athéniens.

Chap. 99. Vers le même temps, les Athéniens qui étaient en Sicile cinglèrent vers la Locride, firent une descente, vainquirent les Locriens, malgré leur résistance, et prirent Péripolium place bâtie sur le fleuve Halex.

Chap. 100. Le même été, les Étoliens, qui avaient député à Corinthe et à Lacédémone Tolophus d’Ophionée, Boriade d’Euryte et Tisandre d’Apodotie, obtinrent une armée contre Naupacte, où l’on avait appelé les Athéniens. Vers la fin de l’été, les Lacédémoniens leur envoyèrent trois mille hoplites de leurs alliés, dont cinq cents d’Héraclée, ville de la Trachinie qu’on avait fondée depuis peu. Euryloque, Spartiate, commandant de ces troupes, était accompa-