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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/276

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THUCYDIDE, LIV. IV.

les Coronéens, les Copéens, et d’autres guerriers habitans des bords du lac Capaïde ; à la gauche, les troupes thespiennes, tanagréennes et orchoméniennes. Chacune des ailes était flanquée de cavaliers et de troupes légères. Les Thébains étaient rangés sur vingt-cinq de profondeur, et les autres comme ils se trouvaient. Telles furent les dispositions et l’ordonnance des Béotiens.

Chap. 94. Du côté des Athéniens, les hoplites rangés sur huit de profondeur, ordonnance de toute l’armée, étaient égaux en nombre à ceux des ennemis. Quant aux troupes légères qu’on avait équipées, il ne s’en trouvait ni à l’armée, ni dans la ville. À compter ce qui s’était mis en campagne, elles auraient été supérieures aux Béotiens ; mais la plupart avaient suivi sans armes, parce qu’on avait fait une levée générale tant des étrangers présens que des citoyens ; et cette foule n’ayant pas tardé à regagner ses foyers, il n’en resta qu’un petit nombre au combat. Déjà l’on était en ordre de bataille et l’action allait s’engager, quand Hippocrate parcourut les rangs pour encourager les troupes, et leur parla ainsi :

Chap. 95. « Athéniens, mon exhortation sera courte ; mais, suffisante pour des braves, elle offrira un avertissement plutôt qu’un ordre. Qu’il ne vienne à l’esprit de personne qu’étant dans une terre étrangère, nous braverons sans but de très grands périls : dans le pays des Béotiens, c’est pour votre sol que vous combattrez ; et si nous sommes vainqueurs, jamais les Péloponnésiens, privés de la cavalerie béotienne, ne feront d’invasion sur vos terres. En un seul combat vous pouvez conquérir un pays ennemi et affermir la liberté de l’Attique. Marchez donc et montrez-vous dignes d’une patrie dont chacun de nous se glorifie, dignes de vos pères, qui, sous la conduite de Myronide, victorieux des mêmes ennemis aux Énophytes, entrèrent en possession de la Béotie. »

Chap. 96. Hippocrate, parvenu jusqu’à la moitié de l’armée, n’avait pas eu le temps d’avancer plus loin, quand Pagondas, après avoir encouragé de même les Béotiens, entonna le péan : aussitôt ils descendirent de la colline. Les Athéniens s’avancèrent à leur rencontre : des deux côtés on vint à l’attaque en courant. Les extrémités des deux ailes, dans chaque armée, ne prirent point de part à l’action, également arrêtées par des torrens ; mais le reste combattit corps à corps : on se poussait l’un l’autre avec les boucliers. L’aile gauche des Béotiens fut enfoncée par les Athéniens jusqu’à moitié de sa profondeur. Les vainqueurs, continuant de la pousser, chargeaient surtout les Thespiens. Ceux de cette nation qui leur étaient opposés, fléchirent, et, renfermés dans un étroit espace, furent égorgés en combattant de près et se défendant vaillamment. Quelques Athéniens perdirent leur rang en enveloppant les ennemis ; et, ne se reconnaissant plus les uns les autres, ils se donnaient réciproquement la mort. De ce côté, les Béotiens battus se retirèrent près de ceux qui tenaient encore. La droite, où étaient les Thébains, victorieuse, ne tarda point à repousser les Athéniens, et se mit d’abord à leur poursuite. Pagondas, au moment où l’aile gauche pliait, détacha deux corps de cavalerie, qui, sans être aperçus, tournèrent la colline, se montrèrent subitement, jetèrent la terreur dans l’aile victorieuse des Athéniens, qui les prirent pour une nouvelle armée. Alors, étonnés, pressés des deux côtés, rompus par cette cavalerie et par les Thébains, tous prirent la fuite. Les uns se précipitèrent vers Délium et du côté de la

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