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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/28

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lange, elle devenait sans profondeur. Ces évolutions pouvaient s’exécuter sans gêner les psilites, même quand on les placait derrière, les javelots, les frondes, les arcs portant beaucoup plus loin que la hauteur de la phalange.

Le quart de la file se désignait par le mot énomotie ; c’était la réunion de quatre hommes dont le chef s’appelait énomotarque. Deux énomoties formaient une dimérie ou demi-file qui avait pour chef un dimérite ou hémi-lochite. Remarquons toutefois que les énomoties de Lycurgue se plaçaient sur trois, quatre ou six de front et huit de hauteur ; que, suivant Thucydide, elles étaient sur quatre de front avec une profondeur de huit lors de la première bataille de Mantinée ; qu’à la même bataille, le lochos ne signifiait point une file, mais bien la réunion de cinq cent douze hommes, toujours sur huit de profondeur.

On voit aussi dans la Cyropédie que le mot lochos indique le quart d’une division de cent hommes, nommés taxis. Ce lochos, qui faisait partie de la taxe, était lui-même subdivisé en décades et pemptades ; mais cette formation, attribuée par Xénophon aux troupes de Cyrus, ne peut être regardée comme ayant force d’usage parmi les Grecs. Ce fut Philippe de Macédoine, élève d’Épaminondas, qui parvint à fixer les bases de l’ordonnance dont nous allons parler, en y instituant des sections toujours divisibles par deux.

Nous avons dit que le premier de la file, ou le chef de file, était protostate (homme en avant) : ce nom devenait commun à tous ceux qui occupaient dans la file un rang impair, c’est-à-dire 1, 3, 5, 7, etc. Le second était épistate (homme en arrière), ainsi que tous ceux qui occupaient dans la file un rang pair, comme 2, 4, 6, 8, etc. De sorte que la file se trouvait composée de protostates et d’épistates, rangés alternativement entre le chef et le serre-file. On apportait autant d’attention au choix du serre-file qu’à celui du chef, son poste étant essentiel dans l’action.

La jonction des deux files se nommait syllochisme. Elle se faisait en plaçant les protostates et les épistates de la seconde auprès de ceux de la première file. Tout homme à côte d’un autre était parastate. On entendait aussi par syllochisme la jonction d’un plus grand nombre de files.

Tout le syllochisme ou le système de la totalité des files était nommé phalange. Le rang des chefs de file représentait le front ou la tête de la phalange ; les rangs qui suivaient, jusqu’à celui des serre-files, indiquaient sa profondeur. Tous les parastates bien alignés composaient le rang ; ceux qui étaient compris entre le chef et le serre-file formaient la file.

Les psilites se rangeaient quelquefois derrière la phalange des hoplites, afin qu’ils en fussent protégés et qu’ils les secourussent, en lançant leurs traits par dessus eux. On plaçait la cavalerie tantôt derrière les psilites, tantôt sur les deux ailes : ou bien, lorsqu’une des ailes était couverte par une rivière, un fossé, la mer, on la portait à l’autre aile sur quelque éminence, afin de surveiller l’ennemi.

Les plus habiles tacticiens ayant prescrit pour la phalange des hoplites le nombre 16 584, qui est divisible par deux jusqu’à l’unité, la moitié de ce nombre, ou 8 198, forma la ligne des psilites, et la moitié de 8 192, ou 4 096 fut pour la cavalerie. On comptait toujours mille vingt-quatre files.

Les différens nombres de files réunies avaient autant de dénominations particulières. Dans la phalange des hoplites, deux files jointes faisaient une dilochie ou trente-deux hommes, dont le chef prenait le nom de dilochite.