Aller au contenu

Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
— 29 —

cés. Le premier rang qu’ils formaient contenait toute la phalange, étant à la mêlée ce que le tranchant est au fer : lui seul divise les corps frappés, le reste ne fait qu’appuyer par sa masse. Les épistates ou ceux du second rang, offraient aussi des gens d’élite, parce qu’en joignant leurs piques à celles des chefs de file dans la charge, ils soutenaient leurs efforts. Ils remplaçaient ceux du premier rang, mis hors de combat, afin d’empêcher la phalange de se rompre. L’importance du soldat des autres rangs se mesurait sur la distance où il était du premier.

Le soldat sous les armes, à rangs et à files serrées, occupait deux coudées ou deux pieds dix pouces deux lignes. La sarisse avait quatorze coudées ou dix-huit pieds neuf pouces deux lignes ; deux de ces coudées étaient cachées par les mains du phalangite ; les onze autres, qui faisaient quinze pieds un pouce, garantissaient son corps. Les sarisses du second rang dépassaient le premier de dix coudées, quatorze pieds deux pouces dix lignes ; celles du troisième rang, de huit coudées, onze pieds quatre pouces six lignes ; celles du cinquième, de quatre coudées, cinq pieds quatre pouces quatre lignes ; celles du sixième, de deux coudées, deux pieds dix pouces deux lignes. Ainsi, chaque chef de file était fortifié par six sarisses. Les dix derniers rangs tenaient la pique droite, mais en pressant les premiers du poids de leur corps, ils augmentaient la force de l’impulsion.

Les psilites étaient ordonnés par le général devant ou derrière la phalange, ou bien sur les ailes, suivant le terrain et les dispositions de l’ennemi. On entremêlait aussi des files d’hoplites et de psilites ; mais ordinairement ces troupes légères se plaçaient sur mille vingt-quatre files comme les hoplites, chaque file ou décurie ne présentant que huit hommes, quoique le mot décurie indiquât qu’elle avait été primitivement de dix combattans.

Quatre files formaient une systase de trente-deux hommes ; deux systases, une pentacontarchie de soixante-quatre ; deux pentacontarchies, une hécatontarchie de cent vingt-huit ; chaque hécatontarchie avait, comme le syntagme, cinq hommes hors de rang : un porte-enseigne, un serre-file, un trompette, un hupérète et un héraut.

Deux hécatontarchies faisaient une psilagie de deux cent cinquante-six ; deux psilagies, une xénagie de cinq cent douze ; deux xénagies, un systremme de mille vingt-quatre ; deux systremmes, une épixénagie de deux mille quarante-huit ; deux épixénagies, un styphe de deux mille quatre-vingt-seize ; deux styphes, un épitagme de huit mille cent quatre-vingt-douze. Huit officiers hors de rang commandaient le tout : quatre épixénarques, et quatre systremmatarques.

Les psilites, quand on les plaça derrière les hoplites, durent prendre des armes qui permettaient de réunir la solidité de la phalange avec l’agilité des troupes légères. Plusieurs écrivains ont regardé cette seconde ligne comme une réserve entièrement séparée des archers et des frondeurs ; mais on ne conçoit pas trop comment les psilites auraient pu arrêter un choc assez violent pour renverser la phalange des hoplites. Toute réserve doit être forte et imposante, où elle ne fait qu’accroître les embarras d’un échec.

D’autres, parmi lesquels on peut citer l’empereur Léon, qui nous a laissé des Institutions militaires, parlent des psilites et des peltastes comme de deux sortes de combattans légèrement armés, qui autrefois auraient été distincts, mais dont ils ne sauraient spécifier exactement la différence.

Nous manquons de documens pour éclaircir ce point d’histoire militaire.