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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/323

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THUCYDIDE, LIV. V.

» Les puissances alliées de Lacédémone, au dehors du Péloponnèse, le seront aux mêmes conditions dont jouissent les alliés de Lacédémone et ceux d’Argos ; et elles conserveront la propriété de leur territoire.

» Les Argiens et les Lacédémoniens notifieront à leurs alliés les conditions du traité ; et si elles leur plaisent, ils les y feront participer : si les alliés y désirent des changemens, ils notifieront leur vœu par une députation. »

Chap. 78. Les Argiens acceptèrent d’abord ces propositions, et l’armée des Lacédémoniens se retira de Tégée et regagna ses foyers. Peu après, lorsqu’il se fut établi entre eux un commerce mutuel, les mêmes hommes qui avaient ménagé ce traité, amenèrent les Argiens à quitter l’alliance de Mantinée, de l’Élide et d’Athènes, et à conclure avec Lacédémone un traité de paix et d’alliance offensive et défensive dont voici la teneur :

Chap. 79. « Les Lacédémoniens et les Argiens ont décrété qu’il y aurait entre eux paix et alliance offensive et défensive de cinquante années, aux conditions suivantes :

» Ils soumettront leurs différends à des tribunaux équitables, et dans lesquels leurs droits seront également respectés, suivant les coutumes de leurs pères.

» Cette paix et cette alliance seront communes aux autres républiques du Péloponnèse, qui conserveront leur indépendance, la propriété de leur ville et de leur territoire, et soumettront leurs différends à un arbitrage équitable.

» Les alliés de Lacédémone hors du Péloponnèse jouiront des mêmes droits que les Lacédémoniens ; et les alliés d’Argos, des mêmes droits que les Argiens : chacun conservant la propriété de ce qu’il possède.

» Si une expédition doit être entreprise en commun, les Lacédémoniens et les Argiens délibéreront entre eux sur les mesures les plus justes et les plus conformes aux intérêts des alliés.

» S’il s’élève des contestations entre des villes situées au dedans ou au dehors du Péloponnèse, soit sur les limites, soit sur quelque autre objet, elles les soumettront à un arbitrage.

» Toute ville alliée qui aurait des sujets de contestations, recourrait au jugement de telle ville qu’elle croirait également favorable aux deux partis.

» Les citoyens seront jugés selon les lois du pays. »

Chap. 80. Tels furent le traité et l’alliance que conclurent les deux peuples. Ils se restituèrent mutuellement ce qu’ils avaient pris l’un sur l’autre durant la guerre, terminèrent leurs différends, réglèrent dès lors les affaires en commun, et décrétèrent qu’il ne serait reçu ni message ni députation de la part des Athéniens, que ceux-ci n’eussent préalablement évacué le Péloponnèse et abandonné leurs fortifications, et qu’il ne serait fait avec eux ni paix ni guerre que d’un commun accord. Mais le plus grand objet de leur sollicitude, c’étaient les places de la Thrace littorale. Les deux peuples députèrent donc vers Perdiccas, et lui persuadèrent d’entrer dans leur ligue. Cependant le prince ne renonça pas tout de suite à l’alliance d’Athènes ; mais il projetait de la rompre, parce qu’il voyait les Argiens lui en donner l’exemple, et qu’il était lui-même originaire d’Argos. Les Lacédémoniens et les Argiens renouvelèrent aussi avec les Chalcidiens leurs anciens sermens, et en ajoutèrent de nouveaux : Argos, en outre, députa vers Athènes pour sommer cette république d’évacuer les fortifications d’Épidaure. Les Athéniens, voyant que les leurs étaient en petit nombre