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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/333

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THUCYDIDE, LIV. VI.

Himère fut fondée après Zanclé, par Euclide, Simus et Sacon : des Chalcidiens surtout vinrent former cette colonie, dont firent partie des exilés de Syracuses, nommés Mylétides, vaincus dans une sédition. Un langage mêlé de chalcidien et de dorique y domine ; mais les usages de la Chalcidique y ont prévalu.

Les Syracusains fondèrent Acres et Casmènes ; Acres, soixante-dix ans après Syracuses ; Casmènes, environ vingt ans après Acres.

Camarine dut aussi, dans le principe, sa fondation aux Syracusains, environ cent trente-cinq ans après celle de Syracuses : ses fondateurs furent Dascon et Ménécole. Mais, plus tard, les Camarinéens s’étant révoltés contre les Syracusains, ceux-ci les chassèrent. Hippocrate, tyran de Géla, s’étant fait donner dans la suite, pour la rançon des prisonniers qu’il avait faits sur les Syracusains, le territoire de Camarine, devint lui-même fondateur de cette ville, et y établit une colonie, encore chassée par Gélon, qui devint le troisième fondateur de Camarine.

Chap. 6. Telles étaient les nations helléniques et barbares qui habitaient la Sicile, et telle la puissance de cette île, quand les Athéniens résolurent d’y porter la guerre. Ils voulaient la soumettre tout entière à leur domination : mais ils couvraient ce dessein d’un prétexte honorable, celui de secourir et des peuples qui avaient avec eux une commune origine, et les alliés que ces peuples s’étaient procurés. Les députés d’Égeste qui étaient à Athènes, sollicitaient vivement leur assistance. Limitrophes de Sélinonte, les Égestains étaient en guerre avec cette république pour quelques différends sur les mariages, et pour un territoire contesté. Ceux de Sélinonte, avec l’aide des Syracusains, qu’ils avaient engagés dans leur alliance, les comprimaient par terre et par mer. Les députés d’Égeste rappelaient aux Athéniens le souvenir d’une alliance contractée avec eux du temps de Lachès et de la première guerre des Léontins, demandaient qu’on expédiât des vaisseaux à leur secours, et représentaient, entre autres choses, que si les Syracusains chassaient impunément les habitans de Léontium, ruinaient les autres alliés d’Athènes, et concentraient en eux seuls toute la puissance de la Sicile, il était à craindre que, Doriens eux-mêmes, liés aux Doriens par une commune origine, attachés en même temps aux Péloponnésiens, leurs fondateurs, ils ne portassent à ces derniers des secours formidables, et ne détruisissent de concert avec eux la puissance athénienne ; qu’il était de la sagesse d’Athènes de tenir tête aux Syracusains avec ce qui lui restait d’alliés, surtout Égeste proposant de subvenir aux frais de la guerre.

Les Athéniens, ayant les oreilles battues de ces discours que tenaient dans les assemblées et ces députés et ceux de leurs orateurs qui favorisaient leur parti, décrétèrent qu’on enverrait à Égeste une députation chargée d’abord de vérifier si, comme on le prétendait, il existait en effet de l’argent dans le trésor public et dans les hiérons, ensuite, où en était la guerre contre Sélinonte.

Chap. 7. Les députés furent envoyés en Sicile. Le même hiver, les Lacédémoniens et leurs alliés, excepté les Corinthiens, portèrent la guerre dans l’Argolide, y ravagèrent une étendue peu considérable de terrain, et, après en avoir ramené quelques voitures de blé, établirent à Ornée les exilés d’Argos, leur laissèrent une faible partie de l’armée, puis se retirèrent avec le reste, après avoir fait un traité en vertu duquel, pendant un certain temps, les Ornéate et les Argiens devaient ne se faire aucun