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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/461

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Le mora était commandé par un polémarque. Soit que le texte de Xénophon se trouve corrompu ; soit que cet historien étant lui-même d’Athènes, ait préféré l’emploi d’un terme consacré chez ses concitoyens pour indiquer le chef de la plus grande division de l’armée ; il se sert du mot strategos, auquel celui de général a été substitué par La Luzerne et les autres traducteurs. Nous l’avons laissé par la raison que le stratége remplace imparfaitement le polémarque, et qu’après tout l’un et l’autre peuvent se traduire par général. Sous le polémarque, il y avait quatre chefs de lochos, huit pentécontarques, et seize énomotarques. Nous disons de préférence chef de lochos au lieu de lochagos qui signifie plus ordinairement chef de file.

Quelquefois, comme l’a fort bien remarqué le traducteur, Xénophon se sert du mot taxis pour désigner des sections considérables de l’armée ; d’autres fois, ce terme dénote un rang de l’infanterie pesante ; mais les différens corps formés par les dix mille, rentrent presque toujours dans les subdivisions que nous avons indiquées.

Les Grecs, comme les Latins, avaient deux manières de rendre le mot homme : anthropos et aner. Cette dernière expression présente toujours une acception particulière, et c’est celle qu’emploie Xénophon lorsque, pressé comme il l’est souvent par des circonstances difficiles, il s’adresse aux compagnons de ses travaux. Ne semblerait-il pas que le mot hommes dont il se sert au pluriel (andres), serait mieux rendu par le mot citoyens que par celui de soldats, surtout si l’on considère que c’étaient les citoyens qui formaient les armées des républiques anciennes. Nous indiquons ce changement que nous n’avons osé faire.

Xénophon a intitulé cet ouvrage : Expédition des Grecs vers l’Asie supérieure. Le titre que nous avons choisi paraît plus convenable, et a toujours été ajouté au premier.

Il n’est pas nécessaire, dit un écrivain judicieux, de recommander aux militaires la lecture de ce livre, où ils trouveront plus que des manœuvres ; mais il est peut-être besoin de la conseiller à ceux qui, sans être magistrats ni guerriers, sont obligés de traiter avec les hommes, de manier les grandes affaires, et de calculer la valeur des nations.