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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/797

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ARRIEN, LIV. I.

pour ce jour. Cette aile est commandée par Amyntas : protégée par les archers Thraces, sous la conduite de Sitalcès ; les hommes de traits et les Agriens sont en avant de l’aile droite. La difficulté des lieux rendait la cavalerie inutile : ceux de Telmisse réunis aux Pisidiens, étaient rangés de l’autre côté en bataille.

Déjà les troupes d’Alexandre, gravissant la montagne, atteignaient les hauteurs les plus difficiles, lorsque les Barbares fondent de leurs retraites sur les deux ailes, du côté où ils avaient le plus d’avantage, sur l’ennemi embarrassé ; ils dispersent les premiers hommes de traits armés trop légèrement pour faire résistance.

Les Agriens tiennent ferme ; ils voyaient s’approcher la phalange macédonienne, ayant à sa tête Alexandre. Dès qu’elle eut donné, ces Barbares combattant nus avec des hommes armés de toutes pièces, tombent percés, ou fuient : on en tua cinq cents environ. Le plus grand nombre dut son salut à la légèreté de sa fuite, et à l’habitude des lieux. Les Macédoniens, qui ne les connaissaient pas, et chargés de leurs armures pesantes, hésitèrent à les poursuivre, mais Alexandre ne laissant point de relâche aux fuyards, les suit et s’empare de leur ville, n’ayant perdu que Cléandre, un de ses généraux, et environ vingt soldats.

Il marche ensuite contre le reste des Pisidiens, emporte d’assaut une partie de leurs places ; les autres capitulent.

Il arrive en Phrygie vers le marais d’Ascagne, ou se trouve un sel fossile que les habitans emploient au lieu de celui de la mer.

Au bout de cinq marches, il est devant Célènes. Cette ville est bâtie sur un rocher à pic, et gardée par une garnison de mille Cariens et de cent Grecs, sous le commandement du satrape de Phrygie. Ils députent vers Alexandre, et promettent de se rendre s’ils ne sont point secourus à un jour fixé dont ils conviennent. Alexandre trouva plus d’avantage dans cette condition qu’à pousser le siége, vu la position inaccessible du fort. Il laisse dans la ville quinze cents hommes de garnison, y passe dix jours, déclare Antigone satrape de Phrygie, et le fait remplacer par Balacre dans le commandement des troupes auxiliaires.

Il se rend à Gordes, après avoir écrit à Parménion d’y venir le rejoindre avec son armée. Ce général l’amène renforcée des Grecs de retour de la Macédoine, et des recrues conduites par Ptolémée, Cœnus et Méléagre, au nombre de trois cents chevaux et mille hommes de pied Macédoniens, deux cents chevaux Thessaliens, et cent cinquante Éléens sous la conduite d’Alcias d’Élée.

La ville de Gordes, dans la Phrygie, qui regarde l’Hellespont, est située sur le fleuve Sangaris, qui prend sa source dans les montagnes de la Phrygie, arrose la Bithynie thracienne, et se décharge dans le Pont-Euxin.

Alexandre y reçoit des députés d’Athènes ; ils lui demandent la liberté des leurs, qui, au service des Perses, furent pris dans la journée du Granique, et partageaient en Macédoine les fers de deux mille Grecs. Les députés revinrent sans avoir rien obtenu. En effet, Alexandre pensa qu’il serait de la politique, pendant la chaleur de la guerre contre les Perses, de ne point affaiblir la terreur qu’il avait inspirée aux Grecs, toujours prêts, s’il en rompait le frein, à se joindre aux Barbares. Il se contenta de leur répondre, que la guerre terminée selon ses vœux, Athènes pourrait demander la grâce de ses concitoyens par une nouvelle députation.