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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/801

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ARRIEN, LIV. II.

vous en joie, a, dans l’Assyrien, un caractère plus voluptueux encore.

D’Anchialon, Alexandre passe à Soles, y jette une garnison et condamne les habitans à une amende de deux cents talens d’argent, pour avoir favorisé les Perses.

Prenant ensuite avec lui trois corps de l’infanterie macédonienne, tous les hommes de traits et les Agriens, il attaque les Ciliciens des montagnes, et rentre à Soles, après les avoir réduits dans l’espace de sept jours, soit de force, soit par composition.

Il apprend que Ptolémée et Asandre ont défait le Perse Orontobate qui tenait la citadelle d’Halicarnasse, Mynde, Caune, Théra et Callipolis. La conquête de Cos et du Triopium suivit cette victoire. La bataille avait été remarquable, l’ennemi avait perdu sept cents hommes de pied, cinquante de cavalerie, et on lui avait fait près de mille prisonniers.

Alexandre sacrifie à Esculape, conduit la pompe aux flambeaux avec toute son armée, fait célébrer les combats du gymnase et de la lyre, établit à Soles la démocratie.

Il charge Philotas de conduire la cavalerie vers le fleuve Pyramus par la plaine d’Alée, et tournant vers Tarse avec son infanterie et le corps de ses gardes, il arrive à Magarse, où il sacrifie à Minerve, protectrice du lieu.

Il part pour Malles, honore la tombe d’Amphilocus comme celle d’un héros ; apaise les dissensions qui divisaient les citoyens, et leur remet les tributs qu’ils payaient à Darius, par considération pour ce peuple, colonie agrienne qui tirait, comme lui, son origine d’Hercule.

Chap. 4. Alexandre apprend que Darius, avec toute son armée, est campé à Sochus, séparé par deux jours de marche des défilés qui ouvrent l’Assyrie.

Ayant rassemblé les corps attachés à sa personne, il leur annonce que Darius et son armée sont proches ; tous demandent à marcher. Alexandre rompt le conseil après avoir donné de grands éloges à leur courage ; le lendemain il marche contre Darius et les Perses.

Le second jour, ayant franchi les défilés, il campe près de la ville de Myriandre. L’orage épouvantable qui s’éleva pendant la nuit, les vents et des torrens de pluie retinrent Alexandre dans son camp.

Cependant Darius, pour asseoir le sien, avait d’abord choisi une plaine immense de l’Assyrie, et ouverte de tous côtés, où ses troupes innombrables et sa cavalerie pouvaient se développer avec avantage. Le transfuge Amyntas lui avait conseillé de ne pas abandonner cette position, que le nombre de ses troupes et de ses bagages devait l’engager à tenir. Darius s’y maintint d’abord ; mais Alexandre ayant été arrêté successivement dans Tarse par la maladie, dans Soles par les jeux et les sacrifices, et dans les montagnes de Cilicie par l’expédition contre les Barbares, Darius prit le change sur les motifs de ce retard et crut trop facilement ce qu’il désirait ; il prêta l’oreille aux flatteurs qui l’entouraient, et qui perdront toujours les princes : Alexandre, disaient-ils, effrayé de l’arrivée du grand roi, n’oserait pousser plus loin : la cavalerie seule des Perses suffirait pour écraser l’armée des Macédoniens.

Amyntas, au contraire : « Alexandre viendra chercher Darius en quelque lieu qu’il se trouve : c’est ici qu’il faut l’attendre. »

L’avis le moins sage, mais qui flattait le plus, l’emporta. Peut-être la fatalité ne poussa-t-elle Darius à camper dans un lieu où il ne pouvait ni se servir facilement de sa cavalerie et de la multitude