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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/815

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ARRIEN, LIV. II.

fuite honteuse. Un trait lancé par une catapulte perce son bouclier, sa cuirasse, et le blesse à l’épaule. Il se ressouvint alors de la prédiction d’Aristandre, dont il se rappela avec joie la seconde partie, savoir, qu’il prendrait la ville. Il eut beaucoup de peine à guérir de cette blessure.

On amène par mer les machines qui avaient servi au siége de Tyr ; on établit autour de la ville une levée à la hauteur de deux cent cinquante pieds, sur deux stades de largeur, on y place les machines ; on bat de tous côtés les murs, après avoir pris la précaution de les miner secrètement : ébranlés alors par la mine et par la sape, ils s’écroulent.

Les Macédoniens écartent à coups de traits les défenseurs qui paraissent au haut des tours. Trois fois les assiégés soutinrent, quoique avec une perte considérable, l’effort des Macédoniens ; mais au quatrième assaut, Alexandre donnant avec sa phalange et faisant jouer de tous côtés les machines, les Macédoniens parvinrent à appliquer des échelles. Une vive émulation se manifeste entre les braves à qui montera le premier. Néoptolème, de la race des Éacides, un des Hétaires, devance les autres : il est suivi par les généraux et par leurs troupes. Des Macédoniens pénètrent dans l’intérieur des remparts, ouvrent les portes aux leurs ; toute l’armée entre : les habitans de Gaza se rallient encore contre l’ennemi maître de la ville, et chacun d’eux n’abandonne son poste qu’avec la vie.

Alexandre réduit à l’esclavage leurs femmes et leurs enfans, remplit la ville d’une colonie de peuples voisins, et s’en fait une place forte pour toute la campagne.




LIVRE TROISIÈME.

Chapitre premier. Alexandre, selon son projet, pénètre en Égypte et arrive à Péluse en sept jours de marche ; il trouve dans le port plusieurs vaisseaux de sa flotte qui l’avait suivi en côtoyant le rivage.

Le persan Mazacès, établi satrape en Égypte par Darius, apprend l’événement d’Issus, la fuite honteuse de son maître, que la Phénicie, la Syrie et presque toute l’Arabie sont au pouvoir d’Alexandre. N’ayant d’ailleurs point d’armée à lui opposer, il s’empresse de lui ouvrir ses villes et son département.

Alexandre jette une garnison dans Péluse ; fait remonter ses vaisseaux jusqu’à Memphis ; et lui-même, laissant le Nil à sa droite, s’avance vers les déserts, soumet toutes les villes qu’il trouve sur son passage, et arrive à Héliopolis. De-là, traversant le fleuve, il se rend à Memphis ; immole des victimes en l’honneur d’Apis et des autres Dieux, et fait célébrer les combats du gymnase et de la lyre, par les meilleurs acteurs qui lui étaient venus de la Grèce.

De Memphis il descend le fleuve jusqu’à son embouchure, où il s’embarque avec les Hypaspistes, les hommes de trait, les Agriens et la cavalerie des Hétaires ; il passe à Canope, tourne les Palus Maréotides, et aborde au lieu où il devait bâtir Alexandrie.

L’emplacement lui parut propre à fonder une ville dont il présage dès lors la prospérité future. Avide d’en jeter les premiers fondemens, il commença par en dresser le plan, par y marquer les points principaux d’une place publique, et des temples qu’il voulait consacrer aux divinités grecques, et à l’Isis égyptienne ; après avoir déterminé l’étendue de l’enceinte des murs, il sacrifie pour le succès de son entreprise,