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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/822

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ARRIEN, LIV. III.

suite les archers macédoniens sous ceux de Brison, soutenus des vieilles bandes étrangères conduites par Cléandre. Devant les Agriens on avait jeté la cavalerie légère et les Péones, commandés par Arétès et Ariston, et en avant était la cavalerie étrangère sous Ménidas. Le front de l’aile droite était couvert par l’autre moitié dès Agriens, des hommes de traits et des frondeurs sous Balacre, en face des chars armés de faux. Ménidas et sa troupe eurent l’ordre de prendre l’ennemi en flanc, s’il cherchait à les tourner. Telle était la disposition de l’aile droite.

À la pointe de l’aile gauche, sur un front oblique, les Thraces de Sitalcès, la cavalerie alliée conduite par Cœranus, et celle des Odrisiens par Agathon ; en avant la cavalerie des étrangers à la solde, sous Andromaque ; l’infanterie thracienne couvrait les bagages.

Toute l’armée d’Alexandre montait à sept mille chevaux et quarante mille hommes de pied.

Les armées s’étant approchées, Darius et le centre qu’il occupait se trouvèrent en face d’Alexandre et des compagnies royales. Alexandre appuie sur sa droite ; les Perses suivent ce mouvement et font déborder leur aile gauche.

Déjà la cavalerie scythe atteignait celle qui couvrait le front d’Alexandre, sans qu’il s’en occupât ; il suivait sa direction, et il était déjà arrivé à l’endroit du terrain aplani par les Perses, lorsque Darius, craignant que les Macédoniens ne vinssent à s’étendre sur un sol plus inégal où ses chars armés de faux ne pourraient rouler, ordonne à ceux qui couvraient son aile gauche d’investir la droite de l’ennemi pour empêcher Alexandre de s’étendre. Celui-ci les fait attaquer par Ménidas. Cependant la cavalerie des Scythes et des Bactriens se porte à leur rencontre en plus grand nombre ; Alexandre la fait charger par le corps d’Arétès, les Péones et les étrangers.

Les Barbares plient ; des Bactriens, accourant à leur secours, les ramènent au combat, qui devient sanglant. Les Macédoniens y perdent beaucoup de monde, l’ennemi ayant sur eux l’avantage du nombre, et la cavalerie Scythe celui des armes défensives. Cependant ils soutiennent le choc avec courage, et, réunissant leurs forces, ils mettent l’ennemi en désordre. Alors les Barbares font rouler contre Alexandre les chars armés de faux pour rompre sa phalange ; mais leur espoir fut trompé. En effet, dès qu’ils s’ébranlaient, les Agrièns et les frondeurs de Balacre faisaient pleuvoir sur les conducteurs une grêle de traits, les précipitaient des chars, saisissaient les rênes et tuaient les chevaux. Quelques-uns traversèrent les rangs, qui s’étaient ouverts à leur passage, suivant l’ordre d’Alexandre ; ils ne reçurent et ne firent aucun dommage ; ils tombèrent au pouvoir des Hypaspistes et des Hippocomes.

Darius ébranle toute son armée. Alexandre pousse à la tête de son aile droite, et ordonne à Arétès de se porter sur la cavalerie ennemie prête à la tourner. À peine Alexandre vit le corps d’Arétès qui venait soutenir les siens ébranlés, s’ouvrir les premiers rangs des Barbares, qu’il se précipite de ce côté. Formant le coin avec la cavalerie des Hétaires et la phalange, il fond à pas redoublés, et à grands cris, sur Darius. La mêlée dura peu ; Alexandre et sa cavalerie pressent les Perses de toutes parts, les frappent au visage. La phalange serrée, hérissée de fer, les accable. Darius lui-même sent redoubler une terreur qu’il éprouvait depuis long-temps, il cède à Alexandre et