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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/825

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ARRIEN, LIV. III.

c’est là que vous recevrez le tribut. »

Il prend avec lui ses gardes, les Hypaspistes et huit mille hommes du reste de l’armée, et se dirigeant de nuit par un chemin détourné, ayant pour guide des Susiens, il franchit en une marche des défilés inaccessibles, pénètre dans un bourg des Uxiens, les surprend ; plusieurs sont tués dans leurs lits, les autres se dispersent dans les montagnes ; le vainqueur fait un butin considérable. Il marche précipitamment vers les gorges où il avait donné rendez-vous aux Uxiens pour recevoir le tribut. Cratérus qu’il a détaché en avant a dû occuper les hauteurs pour fermer la retraite à l’ennemi ; lui-même, il double le pas, s’empare des défilés, range ses troupes et fond sur les Barbares avec tout l’avantage du lieu.

Consternés de la rapidité d’Alexandre, privés du poste sur lequel ils comptaient, les Barbares fuient sans en venir aux mains. Une grande partie périt sous le fer des Macédoniens qui les poursuivent, une autre dans les précipices ; le plus grand nombre se sauvant sur les montagnes où Cratérus les a devancés, y reçoivent la mort. Ainsi payés de leur audace, les Uxiens eurent beaucoup de peine à obtenir d’Alexandre qu’il leur laissât leurs terres à la condition d’un tribut annuel.

Ptolémée rapporte que la mère de Darius supplia en leur faveur Alexandre, et obtint qu’ils conserveraient leurs possessions, mais à condition qu’ils paieraient en tribut annuel cent chevaux, cinq cents bêtes de charge et trente mille têtes de bétail : les Uxiens ne connaissant ni l’argent, ni l’agriculture, et étant un peuple nomade.

Alexandre renvoie ensuite en Perse, par la grande route, les bagages, la cavalerie thessalienne, celle des alliés et des étrangers, et les troupes pesamment armées sous la conduite de Parménion.

Prenant avec lui l’infanterie macédonienne, la cavalerie des Hétaires, celle des éclaireurs, les Agriens et les archers, il s’avance rapidement par les montagnes.

Arrivé aux Pyles persiques, il y trouve le satrape Ariobarzane à la tête de quarante mille hommes, et de sept cent chevaux retranchés dans les gorges dont il a ferme l’entrée par un mur.

Alexandre campe aux pieds, et dès le lendemain entreprend l’attaque. La position du lieu la rendait difficile ; les Macédoniens étaient criblés de blessures par les traits ou par le jeu des machines : Alexandre fit suspendre l’action.

Quelques-uns des prisonniers lui promettent alors de le mener par un chemin détourné. Instruit de la difficulté de ce passage, il laisse Cratérus dans le camp avec la troupe qu’il commande, celle de Méléagre, quelques archers et cinq cents chevaux. Il lui ordonne de livrer l’assaut, dès qu’il sera instruit par le son des des trompettes du passage effectué, et de l’attaque qu’il livrera aux Perses. Lui-même, à la tête des Hypaspistes, des troupes de Perdiccas, des plus habiles archers, de la première compagnie de ses Hétaires, renforcée par un peloton de cavalerie, s’avance pendant la nuit à cent stades, fait un détour et s’approche des Pyles.

Amyntas, Philotas et Cœnus conduisent le reste de l’armée par la plaine. Ils doivent jeter un pont sur le fleuve qui leur ferme l’entrée de la Perse.

Alexandre poursuit sa route rapidement et presque toujours à la course, malgré les difficultés. Arrivé avant le jour au premier poste des Barbares, il égorge les gardes avancées, traite de même le second poste ; ceux du troisième fuient à son approche, non dans