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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/846

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ARRIEN, LIV. IV.

La difficulté du terrain, celle de l’entreprise ne permettait pas d’avancer à plus de vingt coudées le jour, et un peu moins la nuit. Sur les flancs de l’abîme on enfonçait avec effort des crampons à la distance nécessaire pour soutenir la charge ; on y attacha des claies ou des fascines qui, fortement liées entre elles semblaient présenter un pont, on les couvrit de terre au niveau du bord pour arriver de plain-pied jusqu’à la place.

Les Barbares avaient commencé par rire de ces efforts qu’ils croyaient inutiles. Mais, lorsqu’ils se virent incommodés par les traits, tandis qu’ils ne pouvaient des hauteurs atteindre les Macédoniens à couvert sous leurs travaux, Choriène effrayé envoie un héraut à Alexandre, et demande à conférer avec Oxyarte : celui-ci lui conseille de se soumettre à ce conquérant, que nul obstacle ne peut arrêter, et de la bonté duquel il peut tout attendre, s’il se rend à lui ; que lui-même en était un exemple. Choriène, persuadé par ce discours, vient trouver le roi avec quelques uns des siens. Alexandre l’accueille avec bienveillance, le retient auprès de lui, renvoie une partie de ceux qui l’avaient accompagné pour faire rendre la place : on en prend aussitôt possession.

Alexandre, suivi de cinq cents Hypaspistes, y monte pour la reconnaître, et loin d’être offensé de la résistance de Choriène, il lui rend le gouvernement de la citadelle et de tous les lieux sur lesquels il s’étendait.

L’armée, qui avait déjà souffert des rigueurs de la saison et du siége, vint alors à manquer de vivres. Choriène s’engagea à lui en fournir pendant deux mois, et faisant ouvrir ses magasins, il distribue aux soldats du blé, du vin et des salaisons. Ces objets fournis dans le terme convenu, il protesta qu’il n’avait point épuisé la dixième partie des provisions qu’il avait amassées pour le siége. Alexandre lui marqua de nouveaux égards, convaincu qu’il s’était rendu plutôt de bonne grâce que par force.

Chap. 8. Alexandre tourne vers Bactres, et envoie Cratérus à la tête de six cents Hétaires, et les corps d’infanterie de Polysperchon, d’Attalus et d’Alcétas joints à celui qu’il commandait pour combattre Catanès et Austanes, les derniers chefs de la révolte des Parétaques. L’action fut sanglante mais décisive en faveur de Cratérus. Catanès fut tué dans la mêlée, et Austanes fait prisonnier fut envoyé vers Alexandre. Les Barbares perdirent cent vingt chevaux et quinze cents hommes de pied.

Cratérus rejoint Alexandre dans la Bactriane. C’est à cette époque qu’il faut rapporter la conjuration des adolescens et la mort de Callisthène.

Vers le milieu du printemps, Alexandre prend la route de l’Inde avec toutes ses troupes, dont il détache seulement dix mille hommes de pied, et trois mille cinq cents chevaux sous la conduite d’Amyntas qui doit contenir la Bactriane. Après avoir passé le Caucase en dix jours de marche, il parvint à la ville d’Alexandre, qu’il avait fait bâtir dans la Paropamise lors de sa première expédition en Bactriane. Il en destitua le commandant pour n’avoir pas rempli les devoirs de sa charge ; et ayant appelé, pour repeupler la ville, les Finitimes ainsi que les Macédoniens mis hors de combat, il en confia le gouvernement à Nicanor, l’un des Hétaires. Tyriaspe fut nommé satrape de toute la Paropamise et des contrées qui s’étendent jusqu’aux bords du Cophès.

Il passe par Nicée et sacrifie à Pallas. Un héraut le précède et va prévenir Taxile et les autres Anactes, au-delà du fleuve, qu’ils aient à se rendre auprès