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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/851

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ARRIEN, LIV. IV.

Agriens, de la bande de Cœnus, de deux cents Hétaires, de cent archers à cheval, des soldats les plus prompts et les plus légèrement armés de la phalange, se dirige vers le rocher, et campe le premier jour dans une position avantageuse ; le lendemain il le serre de plus près.

Cependant quelques habitans du pays viennent se rendre, avec offre de lui montrer un chemin par lequel l’attaque sera plus facile. Il envoie avec eux Ptolémée à la tête des Agriens, de la troupe légère et des Hypaspistes choisis, lui ordonne de s’emparer du poste, de s’y fortifier et d’élever un signal au moment où il en sera maître.

Ptolémée y parvient à l’insu des Barbares, par des routes escarpées et difficiles, se fortifie de fossés et de palissades, et fait élever un fanal du côté qu’Alexandre peut apercevoir.

Instruit par ce signal, Alexandre commence l’attaque dès le lendemain ; mais la difficulté du lieu et la résistance des Barbares ne lui laissent prendre aucun avantage. L’ennemi, voyant l’inutilité des efforts d’Alexandre, retourne contre Ptolémée. L’action la plus sanglante s’engage entre les Indiens voulant débusquer les Grecs, et Ptolémée qui s’obstine à conserver son poste : les Barbares ayant quelque désavantage, se retirèrent sur le soir.

Cependant Alexandre charge un transfuge indien connaissant les passages et fidèle, de porter nuitamment à Ptolémée des lettres, par lesquelles il lui mande de fondre sur les Barbares au moment où lui-même en viendrait aux mains, afin que l’ennemi attaqué à-la-fois de tous côtés, ne sût où donner.

Au point du jour il dirige ses troupes par le chemin qu’avait pris Ptolémée, espérant que leur jonction faciliterait la prise de la place. Il livra jusqu’à midi un combat opiniâtre : cependant comme les Macédoniens se relevaient l’un l’autre et se reposaient successivement, ils restèrent maîtres du passage, et se joignirent à Ptolémée avant la nuit.

Toute l’armée réunie, on livre un nouvel assaut dès le lendemain, mais sans succès.

Au point du jour suivant, Alexandre ordonne à ses soldats de couper chacun une centaine de pieux, dont il fait construire une plate-forme qui s’étend du sommet de la colline où il était campé jusqu’au roc. C’est de là que ses archers et ses machines doivent lancer sur l’ennemi une grêle de traits. Toute l’armée se livre à ce travail ; lui-même présent applaudit à l’activité des uns, et gourmande la lenteur des autres.

Le premier jour on pousse à un stade l’étendue de la terrasse ; le lendemain, des frondeurs et des archers y furent placés pour s’opposer aux excursions des Indiens ; et le troisième jour, l’ouvrage fut entièrement terminé.

Quelques Macédoniens s’emparèrent, le quatrième jour, d’une hauteur égale à celle du roc ; Alexandre étend les travaux de ce côté.

Les Barbares, étonnés de l’audace incroyable des Macédoniens et de la promptitude de leurs travaux, ne font plus de résistance. Un héraut vient, de leur part, promettre à Alexandre de lui livrer le rocher, s’il veut composer ; mais leur dessein était de passer tout le jour en pourparlers, et de se retirer la nuit dans leurs foyers.

Instruit de leur projet, Alexandre fait retirer ses troupes qui étaient autour de la place, accorde aux Barbares un délai suffisant pour leur retraite, et attend qu’elle s’effectue. Prenant ensuite sept cents hommes tant de ses Hypaspistes que de ses gardes, il monte le premier sur le rocher abandonné. Les Macédo-