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ARRIEN, LIV. V.

Cœnus et Cratérus qui doivent parcourir et piller tout le pays.

Il détache Hephæstion avec une partie de l’armée, composée de deux phalanges de l’infanterie, de la moitié des Archers, et du corps à cheval de Démétrius, joint à celui qu’il commande, avec ordre de pénétrer dans les États du Porus fugitif, de subjuguer, en passant, tous les peuples indépendans qui habitent les bords de l’Hydraotès, et de les ajouter aux États du fidèle Porus.

Alexandre passe ensuite l’Hydraotès avec plus de facilité que l’Acésinès, soumet une partie des habitans de ses bords, soit par composition, soit par la force des armes.

On lui annonce qu’un grand nombre de peuples indépendans, et, entre autres, les plus belliqueux et les plus exercés aux travaux de la guerre, les Cathéens réunis aux Oxydraques et aux Malliens, contre lesquels naguère Porus et Abyssare combinant toutes leurs forces avaient tenté un effort aussi vaste qu’inutile, conjurent pour la liberté commune, et prêts à lui livrer bataille, l’attendent sous les murs fortifiés de Sangala. Alexandre se dirige aussitôt de ce côté, et arrive le second jour de marche à Pimprama, occupé par les Adraïstes qui lui rendent la place. Il y fait reposer son armée pendant un jour, arrive le lendemain à la hauteur de Sangala, et aperçoit les ennemis campés près de la ville, sur une éminence fortifiée par trois rangs de chariots disposés à l’entour.

Alexandre, après avoir reconnu le nombre de l’ennemi et les positions, prend la plus favorable ; il détache les Archers à cheval pour inquiéter et effrayer les Indiens jusqu’à ce qu’il ait rangé son armée en bataille. Il forma son aile droite de l’Agéma de la cavalerie et de celle commandée par Clitus ; près d’eux les Hypaspistes et les Agriens. Perdiccas commande la gauche, composée de son corps de cavalerie, et des Hétaires à pied ; les Archers sont partagés entre deux ailes.

Tandis qu’il fait ces dispositions, arrive l’arrière-garde ; il en jette la cavalerie sur les ailes ; l’infanterie renforce le centre. Il prend avec lui la cavalerie de l’aile droite, et pousse à la gauche des Indiens qu’il croyait facilement enfoncer, parce que de ce côté les chariots qui les protégeaient étaient moins serrés. Voyant que les Indiens ne venaient point au-devant de la cavalerie, mais que, renfermés dans l’enceinte, et montés sur leurs chars, ils se contentaient de lancer des traits ; il met pied à terre, et fait avancer la phalange.

On repoussa facilement les Indiens de la première enceinte des chariots. La résistance fut plus vive dans le second retranchement où les ennemis, rassemblés derrière les chars, étaient plus pressés, et où les Macédoniens avaient moins d’espace pour se développer. Cependant on parvient à écarter quelques chariots ; on se précipite en désordre par ces ouvertures ; la phalange chasse du retranchement les Indiens qui, ne se croyant plus en sûreté dans le troisième, se débandent et fuient à grands pas dans la ville.

Alexandre la fait aussitôt investir, et vu l’étendue des murs, la cavalerie cerne les endroits que l’infanterie, en trop petit nombre, ne peut garder, principalement sous les remparts, aux bords d’un étang peu profond. Alexandre conjecturait que les Indiens épouvantés de leur défaite, abandonneraient la ville pendant la nuit. Il ne s’était point trompé. Vers la seconde veille quelques-uns étant sortis de la ville, tombèrent dans les postes avancés de la cavalerie où ils furent tués. Les autres, parvenus jus-