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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/878

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ARRIEN, LIV. VI.

à la tête de quelques chevaux, il va reconnaître la côte. Après avoir battu le pays pendant trois jours, il rejoint la flotte, et fait creuser des puits sur le rivage pour s’approvisionner d’eau.

Il s’embarque et retourne à Patala ; détache une partie de son armée pour achever les travaux, revient au lac, y fait établir un port et des chantiers, y laisse des troupes avec des vivres pour quatre mois, et tous les objets nécessaires à la navigation. La saison n’y était point favorable ; les vents étésiens soufflaient alors, non pas du septentrion comme dans nos contrées, mais du côté de la mer et du midi. Cette mer n’est navigable, au rapport des Indiens, que depuis le coucher des pléïades à l’entrée de l’hiver jusqu’à son solstice ; alors il tombe des pluies abondantes, à la suite desquelles s’élève un vent doux et favorable à la navigation. Néarque attendait cette époque.

Alexandre quitte Patala, s’avance vers le fleuve Arabius, et suivi des Hypaspistes, de la moitié des archers, des Hétaires à pied, de l’Agéma des Hétaires à cheval, d’un détachement de chaque corps de cavalerie et de tous les archers à cheval, il tourne à gauche vers l’Océan, et fait creuser des puits pour approvisionner d’eau son armée : il court sur les Oritiens, peuple libre depuis un temps immémorial, et qui avait dédaigné de lui rendre hommage : Héphæstion conduit le reste des troupes.

Les Barbares indépendans qui habitaient les bords de l’Arabius, n’ayant ni la force de combattre Alexandre, ni la volonté de se rendre, fuient à son approche dans le désert.

Alexandre, après avoir traversé le fleuve qui est peu considérable, et les déserts pendant la nuit, arrive au point du jour dans un pays cultivé. Prenant avec lui sa cavalerie dont il étend et développe les rangs pour couvrir une grande partie de terrain, il laisse en arrière son infanterie qui doit le suivre en ordre de bataille, et entre dans le pays des Oritiens. On massacre tous ceux qui ont pris les armes ; on fait un grand nombre de prisonniers ; on campe aux bords d’une petite rivière. Alexandre pousse en avant aussitôt l’arrivée d’Héphæstion.

Il touche à la capitale du pays, nommée Rambacia ; frappé de sa situation, il résolut d’y jeter une colonie qui en ferait une ville florissante ; Héphæstion est chargé de l’exécution.

Prenant avec lui la moitié des Hypaspistes et des Agriens, l’Agéma de cavalerie et les archers à cheval, il arrive à un défilé sur la frontière des Oritiens et des Gédrosiens qui, réunis et campés dans ce passage, l’attendaient en bataille rangée pour le lui disputer.

À l’approche d’Alexandre ils abandonnent leur position et fuient. Les principaux des Oritiens marchent cependant au devant d’Alexandre, et viennent se soumettre avec toute la contrée. Il les engage à rassembler les fugitifs, et leur assurer qu’ils n’ont rien à craindre. Il leur donne pour satrape Apollophane, près duquel il laisse, sous les ordres de Léonnatus, tous les Agriens, quelques archers, quelques chevaux et d’autres Grecs stipendiaires de toutes armes, avec ordre, en attendant l’arrivée de la flotte, de s’occuper à repeupler la ville, à régler l’administration, de manière que les peuples s’accoutument à leur nouveau gouvernement.

Chap. 7. Réuni à Héphæstion, Alexandre s’enfonce alors avec une grande partie de l’armée dans les déserts des Gédrosiens. Au rapport d’Aristobule, la myrrhe y est abondante. Les Phéniciens, que le commerce attirait sur les