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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/1014

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POLYBE, LIV. XXXIV.

couche on rencontre des sources qui proviennent de fleuves errant ainsi dans les parties souterraines. Les poissons pénètrent avec cette eau partout où elle se répand pour chercher leur nourriture ; ils aiment en effet beaucoup les racines du gazon. Ainsi, toute cette plaine est remplie de poissons souterrains que les hommes déterrent et prennent. (Athenæi lib. viii, c. 2.)


Quant aux bouches du Rhône, Polybe prétend qu’il n’en a que deux, et il blâme Timée de lui en avoir donné cinq. (Strabo, lib. iv.) Schweigh.


La Loire se décharge entre les Pictones et les Namnètes. Autrefois il y avait sur ce fleuve une place de commerce, nommée Corbilon ; Polybe en parle à l’occasion des fables qu’avait débitées Pythéas au sujet de l’île de Bretagne. « Les Marseillais, dit-il, dans un entretien qu’ils eurent avec Scipion (Émilien), ayant été questionnés sur cette île, aucun d’eux n’eut rien à dire de remarquable. Il en fut de même des habitans de Narbonne et de Corbilon ; ils n’en étaient pas plus instruits que ces derniers, quoique ces deux villes fussent les plus considérables de ce canton. Pythéas seul osa débiter beaucoup de mensonges sur l’île de Bretagne. » (Ibid.)


Polybe raconte qu’il naît dans les Alpes un animal d’une forme singulière ; il ressemble à un cerf, si ce n’est que par le cou et le poil il tient du sanglier. Il porte sous le menton une caroncule de la forme d’un cône, velue à son extrémité, longue à peu près d’un empan et aussi grosse que la queue d’un cheval[1]. (Ibid.)


Polybe rapporte que, de son temps, on trouva chez les Taurisci-Norici, aux environs d’Aquilée, des mines d’or si riches, qu’en creusant la terre de deux pieds seulement on rencontrait l’or, et que les fouilles ordinaires n’allaient pas au-delà de quinze pieds ; qu’une partie était de l’or natif en grains de la grosseur d’une fève ou d’un lupin, qui, au feu, ne diminuait que d’un huitième, et que le reste, quoique ayant besoin d’être plus épuré, donnait encore un produit considérable. Il ajoute que des Italiens s’étant associés aux Barbares pour exploiter ces mines, dans l’espace de deux mois le prix de l’or baissa d’un tiers dans toute l’Italie, et que les Taurisci s’en étant aperçus, chassèrent leurs collaborateurs étrangers, et vendirent seuls ce métal. (Ibid.)


Polybe, en parlant de l’étendue et de la hauteur des Alpes, compare avec celles-ci les montagnes les plus considérables de la Grèce, telles que le Taygète, le Lycée, le Parnasse, l’Olympe, le Pélion, l’Ossa et celles de Thrace, l’Hæmus, le Rhodope et le Dunax ; et il ajoute qu’un homme sans bagage pourrait aisément parvenir au bout de chacune de ces montagnes en un seul jour à peu près, ou en faire le tour dans le même espace de temps : on sait que deux jours ne suffisent pas pour monter au haut des Alpes. Quant à leur étendue le long des plaines,

  1. C’est l’élan (cervus alcos). Cet animal n’existe plus en France ni dans les Alpes. Le mâle porte cette caroncule ou loupe charnue dont parle Polybe, et qui est un des caractères qui le distinguent du cerf, auquel d’ailleurs il ressemble beaucoup.