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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/1043

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POLYBE, LIV. XL.

son ; que l’on ne pouvait douter de son attachement pour les Romains, après les preuves qu’il avait données pendant leurs guerres contre Philippe et Antiochus ; que quelque puissant qu’il fût, tant par lui-même que par les forces de sa ligue, jamais il ne s’était départi de l’alliance faite avec les Romains ; qu’enfin il avait donné les mains au décret par lequel les Achéens, avant que les Romains passassent dans la Grèce, s’étaient engagés à déclarer pour eux la guerre à Antiochus, quoique alors presque tous les peuples de la Grèce fussent peu favorables à Rome. Ce discours fit impression sur les dix députés, et confondit l’accusateur. Ils décidèrent qu’on ne toucherait point aux statues de Philopœmen en quelques villes qu’elles se trouvassent. Profitant de la bonne volonté de Mummius, je lui demandai encore les statues d’Aratus, d’Achée et de Philopœmen, et elles me furent accordées, quoi qu’elles eussent déjà été transportées du Péloponnèse dans l’Acarnanie. Les Achéens furent si charmés du zèle que j’avais témoigné en cette occasion pour l’honneur des grands hommes de ma patrie qu’ils m’érigèrent à moi-même une statue de marbre. (Vertus et Vices.) Dom Thuillier.


Polybe.


Après avoir mis ordre aux affaires de l’Achaïe, les dix députés ordonnèrent au questeur qui devait vendre les biens de Diæus d’en laisser prendre à Polybe tout ce qu’il y trouverait à sa bienséance, sans rien exiger de lui et sans en rien recevoir. Mais non-seulement il ne voulut rien accepter, il exhorta encore ses amis à ne rien souhaiter de ce qui serait vendu par le questeur ; car cet officier parcourait les villes de Grèce et y mettait à l’encan les biens de ceux qui étaient entrés dans les desseins de Diæus et de tous les autres qui, condamnés par les députés, n’avaient ni père et mère, ni enfans. Quelques-uns des amis de Polybe ne suivirent pas son avis, mais tous ceux qui le suivirent furent extrêmement loués. Au bout de dix mois, les députés, se mettant en mer au commencement du printemps pour retourner en Italie, donnèrent ordre à Polybe de parcourir toutes les villes qui venaient d’être conquises, et d’accommoder leurs différends, jusqu’à ce que l’on s’y fût accoutumé au gouvernement qu’on y avait établi, et aux nouvelles lois qui y avaient été données. Polybe s’acquitta de cette commission avec tant de dextérité que la nouvelle forme de gouvernement fut acceptée, et que, ni en général ni en particulier, il ne s’éleva dans l’Achaïe aucune contestation. Aussi l’estime qu’on avait toujours pour cet historien s’augmenta beaucoup dans les derniers temps, à l’occasion de ce que nous venons de raconter. On le combla d’honneurs dans toutes les villes, et pendant sa vie et après sa mort. Cette reconnaissance lui était bien due, car sans le code des lois qu’il composa, pour pacifier les différends, tout eût été plein de trouble et de confusion. Il faut convenir aussi que c’est là le plus bel endroit de la vie de Polybe. (Ibid.)


Mummius.


Les députés sortis de l’Achaïe, ce proconsul, après avoir relevé dans l’isthme le temple qui y avait été détruit, et avoir décoré ceux d’Olympie et de Delphes, visita les villes de Grèce, honoré et reçu partout comme